Le Journal de Quebec

La tête bien rentrée dans le sable

Il n’y a pas de quoi être fiers de notre réaction collective face au désastre de la faible diplomatio­n au Québec. Les citoyens ont blâmé le gouverneme­nt comme un corps étranger et les politicien­s ont joué leurs cartes pour marquer des points faciles sans

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MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com Le Québec refuse de regarder en face le problème de l’échec des garçons à l’école.

Il y a un problème grave de réussite scolaire des garçons, en particulie­r des garçons francophon­es. Difficile de trouver les solutions étant donné qu’il est à peine permis de nommer le problème. Tout semble tabou. Un écart entre anglos et francos, un écart entre gars et filles, comment aborder ces réalités dans l’univers de la rectitude politique absolue ?

Les garçons ! Depuis belle lurette, une frange plus radicale du mouvement féministe conteste même le fait qu’on établisse un tel constat. Depuis le début des années 2000, on entend un bruit de fond à l’effet que ces thèses découlerai­ent d’une volonté détournée d’attaquer le féminisme.

NÉGATION

Ce discours féministe très poussé va jusqu’à nier des statistiqu­es claires et jusqu’à fermer les yeux sur le drame que cela signifie pour la prochaine génération. Vous avez l’impression qu’il s’agit d’un point de vue marginal ? Je dois vous répondre qu’ils font suffisamme­nt peur pour que bien peu de politicien­s n’aient osé attaquer la chose de front durant des années. Qui risquera de se mettre à dos une féministe, même une fanatique, en 2018 ?

Encore cette semaine, les politicien­s ont fait semblant de ne pas voir. On parle de budget et de bureaucrat­ie. La CAQ propose une maternelle 4 ans pour tous les enfants.

Au mieux, certains osent glisser le mot garçon dans une phrase timide. Mais personne ne prend le taureau par les cornes. Personne n’ose dire que l’école n’est simplement pas faite pour les garçons.

Personne n’ose questionne­r les milliards investis dans les CPE, dont le but initial (et vite oublié) était de réduire significat­ivement le décrochage. Personne n’ose dire que les fortunes que nous avons investies pour répondre aux demandes syndicales sur le ratio maître/élèves furent visiblemen­t un coup d’épée dans l’eau.

LES ANGLOS ?

Quant à l’écart entre anglophone­s et francophon­es, voilà la preuve qu’au-delà des médiocrité­s de notre ministère de l’éducation, lorsque les parents et la communauté ont profondéme­nt à coeur l’éducation, cela fait une différence. Les Québécois francophon­es se fient sur l’état. Nous sommes hypnotisés par la foi en l’état.

Nous donnons la moitié de notre paye à l’état. Nous nous fions sur ce bon gouverneme­nt pour s’occuper de l’éducation de nos enfants. Parce que la réussite de nos enfants, ce n’est plus notre affaire, c’est l’affaire d’un ministre, d’une bande de fonctionna­ires, d’une commission scolaire et d’enseignant­s. « Ils sont payés pour ça ! »

Le gouverneme­nt néglige l’éducation ? Nous avons le gouverneme­nt que nous méritons. Et nous obtenons les résultats scolaires que nous méritons.

Le seul point positif : l’éducation s’installe comme un sujet électoral incontourn­able. Cette semaine, les quatre partis politiques se sont comportés comme des poules mouillées aveuglées face à des chiffres troublants. Il faudra mieux.

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