Le Journal de Quebec

Bisbille en vue au Barreau du Québec

- ÉTIENNE PARÉ

Un groupe d’avocats vient de forcer la tenue d’une assemblée générale extraordin­aire du Barreau du Québec, exigeant que leur ordre profession­nel se rétracte après avoir saisi l’assemblée nationale en justice le mois dernier pour qu’elle traite la langue anglaise à égalité avec le français.

« Cette prise de décision du Barreau remet en cause les principes mêmes de la démocratie profession­nelle. On ne sait pas si c’est l’exécutif ou le conseil d’administra­tion qui a pris une telle décision, mais en tout cas, ils n’ont pas consulté leurs membres », dénonce Me François Côté, qui compte bien faire valoir son point le 24 mai prochain à Montréal.

Selon les règles établies par l’office des profession­s, 100 signatures étaient nécessaire­s pour exiger la tenue d’une assemblée générale.

Un tel soulèvemen­t est assez rare au sein du Barreau, le dernier remontant à 2015 quand la bâtonnière de l’époque, Lu Chan Khuong, avait été suspendue après que le conseil d’administra­tion avait eu vent d’une plainte de vol à l’étalage déjudiciar­isée la visant.

« Honnêtemen­t, les signatures ont été assez faciles à obtenir. On sentait qu’il y avait beaucoup de mécontente­ment », souligne Me Félix Martineau, un autre instigateu­r du mouvement.

DÉNONCÉE À L’ASSEMBLÉE NATIONALE

Selon un sondage du site d’informatio­n juridique Droit-inc, 80 % des avocats s’opposeraie­nt à la demande du Barreau de rédiger les lois provincial­es en français et en anglais en même temps. Actuelleme­nt, elles sont plutôt écrites d’abord dans la langue de Molière pour les traduire ensuite dans celle de Shakespear­e.

À l’assemblée nationale, la requête avait été dénoncée de toutes parts, y compris par le président, Jacques Chagnon.

« C’est un dossier très politique. Le Barreau n’aurait jamais dû s’en mêler. Ça nuit à sa crédibilit­é, alors que sa mission devrait être d’informer le public justement », s’inquiète Me Martineau, qui a aussi collecté plus de 1000 signatures du public dans une pétition qu’il a mise en ligne il y a trois semaines.

Malgré la grogne, le Barreau du Québec n’a pas l’intention de faire marche arrière.

« Les versions anglaise et française des lois ont force égale devant les tribunaux. Nous, on veut juste s’assurer qu’il n’y a pas de différence­s entre les deux », a indiqué son directeur des communicat­ions, Jean-françois Del Torchio.

Peu importe la position qui sera prise par les membres dans deux semaines, le dossier risque de rebondir lors de l’assemblée générale annuelle, prévue le 14 juin prochain.

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FÉLIX MARTINEAU Avocat

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