Guerre et paix aux deux extrémités
L’arbre qui cache la forêt ? Dans un mois, jour pour jour, le président des États-unis et le leader de la Corée du Nord auront eu leur premier face à face de l’histoire. Ce sera un grand moment, peu importe ce qu’on en pense. À plus de 7000 km de là, le couvercle d’une autre marmite aura possiblement sauté avec des conséquences immensément graves.
La paix — avec un P majuscule — pourrait connaître un rare moment de gloire, si Donald Trump gagne son pari : après avoir insulté le leader nord-coréen, s’être vanté que son bouton nucléaire était plus gros que le sien et menacé de détruire le lointain régime isolé et paranoïaque, il s’apprête à s’asseoir avec Kim Jong-un et à discuter de la complète dénucléarisation de la péninsule coréenne.
On n’y est pas. On ne s’entend même pas sur le sens à donner à « dénucléarisation ». Mike Pompeo, le secrétaire d’état américain, qui soutient en avoir parlé avec Kim Jong-un au cours des deux rencontres qu’ils ont eues ce printemps, comprend qu’il s’agit d’empêcher la Corée du Nord « de posséder la capacité de menacer non seulement les États-unis, mais le reste du monde avec des armes nucléaires ».
La Chine évoque plutôt une « éventuelle » et « mutuelle » dénucléarisation, pendant que la dictature nord-coréenne continue de présenter son arsenal nucléaire comme la cause de son admission au sein des puissances et la raison pour laquelle Donald Trump est prêt à engager des pourparlers. Se débarrasser maintenant de tous ces atouts ? Kim prouverait, s’il le faisait, qu’il est encore plus fou qu’on le croyait.
LA GUERRE SANS L’AVOUER
Toujours en Asie, mais de l’autre côté totalement, on ne s’enfarge pas dans les virgules. Le Moyen-orient ressemble à ce cratère du volcan Kilauea à Hawaï où éclatent des bulles brûlantes de lave : le Yémen un jour, la Syrie l’autre ; l’afghanistan, le mercredi ; l’irak, le jeudi ; la Bande de Gaza, le vendredi. Les semaines sont chargées.
Ce n’est pas tout : pour la première fois en 45 ans, deux puissances régionales en sont venues directement aux coups. Les Iraniens, bien installés en Syrie où le régime de Bachar al-assad leur doit sa survie, ont tiré 20 roquettes vers le plateau du Golan, un bout de territoire stratégique conquis par Israël en 1967.
La riposte israélienne a été foudroyante : 50 cibles iraniennes bombardées en Syrie, des pistes d’atterrissage, des dépôts d’armement, des postes de commandement et d’observation. Téhéran comme Tel-aviv affirment vouloir éviter l’escalade et ne surtout pas chercher la guerre totale. Et pourtant…
EN GUERRE À RECULONS
L’iran, après s’être investi en argent, en armes et en hommes dans la guerre civile syrienne, compte conserver le pays dans sa sphère d’influence, qui irait des frontières de l’afghanistan à la mer Méditerranée. Israël, pour sa part, répète à qui veut l’entendre qu’elle ne tolérera pas de présence militaire iranienne aussi proche de ses frontières.
Entre quelques mots d’apaisement, des pop-up d’extrémisme se font voir et entendre. Vendredi, l’ayatollah Ahmad Khatami, un religieux iranien influent, menaçait de « raser Tel-aviv et Haïfa, si Israël agissait stupidement ». Du tac au tac, Avigdor Liberman, le ministre israélien de la Défense, promettait d’attaquer Téhéran, si TelAviv était frappé.
Les couloirs diplomatiques qui se sont discrètement développés au fil des ans entre Israéliens, Saoudiens et autres Arabes du golfe Persique ne semblent pas exister entre l’état hébreu et la République islamique d’iran. Quand on ne se parle pas, on se comprend encore moins. Ça augure mal.