Le Journal de Quebec

En fin de mission

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C’est ce moment de l’année où j’embauchera­is une entreprise de nettoyage après sinistre pour venir à bout du bordel dans ma classe.

J’ai des montagnes de n’importe quoi partout. Sur mon bureau. Le dessus de mes étagères. Ma grande table à l’avant.

Les précieux corrigés de mon cartable de maths que je ne classe plus.

Mon coin atelier qui n’a plus rien d’un coin atelier. Son contenu est dispersé partout ! Mes cartes-à-tâches. Qui ont demandé tant de temps à découper et plastifier. Elles gisent çà et là. En septembre, j’aurais fait une crise cardiaque de les voir ainsi éparpillée­s. En mai ? Bof. Mon armoire à jeux de société. Bombardée lors du passage de la suppléante, vendredi dernier.

Mme Léonie a choisi l’option des jeux de classe pour la dernière période. Ce qui lui a permis de survivre à sa journée.

Je ne peux donc pas lui en vouloir d’avoir omis de ranger à la fin. À l’agonie, on priorise.

Mon étagère à beaux-cartons-qui-coûtent-cher. Si bien rangée par couleurs en début d’année. Quelqu’un est assurément passé par ici. Et y a tenu le festival du papier déchiré. Bou- chonné. Et mâché. Craché même, on dirait. Du sable dans l’engrenage Mes élèves circulent de la classe à la cour d’école avec les mêmes souliers depuis deux semaines.

En 6e année, on ne met plus de bottillons de printemps. Les souliers d’extérieur de l’automne ne font plus.

Mes filles ne veulent pas porter leurs espadrille­s d’éducation physique dans l’école. Qui détonnent du reste de leur « look ». Mes gars, eux, s’amusent avec la règle. Combien de temps est nécessaire avant que je remarque le « voyage » de sable sous leur bureau.

Bref.

BOÎTE À SURPRISE

Et mon tiroir « personnel ». Devenue boîte à surprises.

Ma brosse à dents. Sans son étui. Mon vieux rouge à lèvres de dépannage.

Des chocolats de Pâques reçus en cadeau de la maman de Jérémie. Que je mange en cachette.

Une barre tendre débouchée. Que je mange en cachette. Morceau par morceau.

Des menthes « Tic Tac » renversées. De vieux sachets de tisane.

Et que dire de mon bout de corridor. Aux effluves variés : une flaque de cantaloup séchée.

Un fond de yogourt à boire.

Et une odeur de chaussette ou de vieux gant sous la dernière tablette. Dur à dire, de loin.

Mon sens de l’organisati­on et de la gestion du matériel échoue tous les mois de mai. Houston, nous avons un problème L’énergie que me demande ma gang en ce moment fait que je n’en ai plus pour le reste.

Je vais à l’essentiel.

ÉCONOMIE D’ÉNERGIE

Je suis en mode économie d’énergie. Comme dans Apollo 13 quand les astronaute­s éteignent tout. Pour être certain d’avoir ce qu’il faut de jus pour revenir sur Terre. Et ç’a marché ! La navette aboutit en pleine mer. Au gros soleil. Avec une équipe heureuse d’avoir survécu, d’une part. Et d’avoir tant accompli, aussi. Et avec si peu à la fin. Les moyens du bord. L’équipage n’a pas marché sur la Lune comme prévu. C’est vrai.

Mais ce fut tout un voyage !

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