Borduas inspire Pascale Bussières
Projet de pièce à partir de lettres d’amour du peintre
La comédienne Pascale Bussières souhaite transformer en pièce de théâtre une correspondance secrète que le peintre PaulÉmile Borduas a entretenue pendant qu’il vivait à Paris avec une Québécoise dont il était amoureux.
De 1954 jusqu’à sa mort, en 1960, le principal signataire du Refus global a écrit de nombreuses lettres à Rachel Laforest. Il souhaitait l’épouser, voulait qu’elle le rejoigne à Paris, mais trop d’obstacles se dressaient devant cet amour impossible.
Cette idylle a été révélée par le professeur d’histoire de l’art Gilles Lapointe, à qui le fils de Mme Laforest a confié les lettres après la mort de cette dernière. Il en a fait un livre, Aller jusqu’au bout des mots, qui a fait l’objet d’une première lecture publique le 3 mars, à Montréal, avec Pascale Bussières et Jean-françois Casabonne qui prêtaient leurs voix aux amants.
« Le fils de la dame, Pascal, était à Montréal le soir de notre lecture. Je ne le savais pas. Après la lecture, il s’est levé et il s’est mis à parler de sa mère. C’était un moment très émouvant, presque sur- réaliste », raconte Pascale Bussières.
L’exercice a été un tel succès qu’il sera répété à l’auditorium du Pavillon Lassonde du Musée national des beaux-arts du Québec, demain soir, à Québec. Les deux comédiens s’exécuteront pendant que, derrière eux, défileront des images des grandes oeuvres de Borduas.
UN BORDUAS ROMANTIQUE
La prochaine étape, puisqu’une telle histoire ne peut ensuite sombrer dans l’oubli, sera d’en faire une pièce de théâtre, affirme la comédienne. Avec son partenaire Casabonne elle s’est déjà mise à l’ouvrage.
« C’est une formidable porte d’entrée (pour un projet théâtral) parce que ça révèle beaucoup de choses qui n’ont pas été retenues par les livres d’histoire. »
On y découvre notamment un Borduas bien loin de l’image de l’auteur contestataire du Refus global.
« Il est beaucoup plus précis, plus clair dans sa pensée. Il est très romantique, érotique même. On sent que Rachel Laforest avait une place très particulière dans sa vie. »