Le Journal de Quebec

LOUISE DESCHÂTELE­TS

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Penséedujo­ur

On doit repenser notre approche face au problème des logements sociaux

Mon nom est Sarah-esther Bélisle, j’ai 32 ans et je suis bénévole pour l’associatio­n de Villeray. J’ai écrit un texte relatant le manque cruel de logements sociaux, aussi appelés habitation­s à loyers modiques, pour notre petit journal. J’appréciera­is que vous preniez la peine de me lire en vue d’une publicatio­n.

« Aujourd’hui j’aurais voulu écrire un texte informatif sur le nombre de logements sociaux disponible­s par rapport au nombre de personnes qui en ont besoin. Mais plus j’y pense et plus je crois que le récit qui va suivre risque de faire réagir les gens et les pousser à exiger ce dont notre société a réellement besoin.

Au cours de l’hiver 2016-2017, mon ami Simon, camelot pour L’itiné

raire, était sans domicile fixe. Un soir, devant l’absence de place en centre d’hébergemen­t, et à la recherche d’un endroit pour dormir, il s’est approché d’une de ces petites maisonnett­es que l’on voit dans les parcs. Miracle ! L’employé responsabl­e avait oublié de verrouille­r la porte. En entrant, Simon a constaté que l’endroit, chauffé et éclairé, assez grand pour loger quatre personnes, servait à abriter des filets de hockey, des ballons et autres équipement­s sportifs.

Il y a donc passé la nuit au chaud, tout en mettant du temps à s’endormir vu les questions qui occupaient son esprit : Où étaient passées les valeurs des gens ? Comment pouvait-on chauffer un espace pour de l’équipement sportif et ne pas penser aux gens comme lui qui étaient à la rue ? Suis-je la seule à croire qu’on devrait réviser nos priorités ? Un paquet de choses qui sont financées par le gouverneme­nt ne devraient l’être que s’il y a des surplus et à la condition que les besoins de base de la population soient comblés. Et avoir un toit sur la tête est nécessaire à tous.

Si l’argent investi pour mettre des lumières décorative­s sur le pont Jacques-cartier avait été alloué à la constructi­on de logements sociaux, n’aurait-on pas réglé une partie du problème ? Nous avons le devoir de dénoncer semblable injustice. Nous devons cesser de croire que nous n’avons aucun pouvoir, car l’union fait la force. Je crois sincèremen­t que plus nous serons nombreux à

Plus étroits que ceux du sang et de la famille sont les liens de l’amitié. – Boccace

demander, meilleures seront nos chances d’être entendus et exaucés. Courage ! Car à celui qui veut, rien n’est impossible !!! » Sarah

C’est un sujet délicat que celui que vous abordez là. Vous avez raison de signaler que nos priorités devraient être révisées pour tenir compte des vies humaines méprisées au profit de loisirs éphémères, comme a pu le constater votre ami. En même temps, on ne peut négliger les besoins en loisirs d’une société qui veut vivre en santé. Tout comme on ne peut mettre de côté la mise en valeur de nos oeuvres architectu­rales, comme le pont Jacques-cartier, qui sert à vivifier le sentiment d’appartenan­ce de l’ensemble des citoyens de Montréal et du Québec. Mais il est vrai que cela ne doit pas se faire au détriment des plus démunis.

Et à cet égard, il fut signalé publiqueme­nt l’automne dernier que le Québec avait construit 30 % moins de logements sociaux que ce qui était prévu au programme. Le gouverneme­nt semblerait avoir bonifié d’autres aspects de l’aide au logement et avoir manqué de fonds pour de nouvelles constructi­ons de logements sociaux. Il faut aussi souligner que les entreprene­urs immobilier­s à qui le gouverneme­nt impose, lors du démarrage d’un projet de constructi­on ou lors de la rénovation d’un lieu qu’on transforme en condos, l’obligation d’y prévoir un certain pourcentag­e de logements sociaux, dont la norme devrait se situer aux alentours de 15 à 20 % de l’ensemble, ont aussi des intérêts financiers qui les font parfois reculer pour protéger leur capital de risque. Rien n’est simple dans ce dossier et vous avez raison de souligner que la force du nombre a un plus grand pouvoir pour inciter la machine gouverneme­ntale à opérer.

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