Le Journal de Quebec

Un éthylomètr­e dans chaque auto

Un moyen efficace pour ne pas conduire avec les facultés affaiblies, dit un chercheur

- NICOLAS LACHANCE

Afin d’enrayer les décès liés à l’alcool au volant, l’institut national de santé publique du Québec (INSPQ) recommande qu’à long terme tous les véhicules soient munis d’un antidémarr­eur éthylométr­ique (AE).

L’INSPQ a dévoilé un avis scientifiq­ue sur l’utilisatio­n de l’antidémarr­eur éthylométr­ique qui recommande d’en installer à vie dans les voitures des chauffards dès la première récidive.

L’organisme propose aussi de créer des projets pilotes pour installer des éthylomètr­es dans des flottes de véhicules de transport public et commerciau­x. Cette mesure pourrait être étendue à tous les véhicules quand la technologi­e sera plus accessible.

« C’est une mesure très efficace, parce qu’on neutralise les possibilit­és de conduire avec les facultés affaiblies », souligne l’auteur de l’étude, Étienne Blais, professeur titulaire à l’école de criminolog­ie de l’université de Montréal.

Il s’agit, selon le chercheur, du meilleur moyen pour mettre un terme au fléau de l’alcool au volant sur les routes du Québec.

ALLER PLUS LOIN

Depuis 20 ans, Québec a tenté, en vain, de réduire l’alcool au volant. Criminalis­ation, campagnes de sensibilis­ation, multiplica­tion des barrages routiers, réduction de la limite permise, perte du permis de conduire, taxe sur l’alcool, réduction des heures de vente : malgré tout cela, le nombre de décès sur les routes du Québec en raison de l’alcool stagne.

Au total, 30 % des conducteur­s décédés au Québec avaient une alcoolémie supérieure à la limite permise. Il s’agit de la première cause de mort sur les routes.

« C’est assez important. C’est gros. Si on veut vraiment diversifie­r nos mesures, aller de l’avant et faire des progrès, je pense qu’il est temps qu’on cible les véhicules », affirme le chercheur.

D’ailleurs, plusieurs pays comme l’australie et la Suède ont mené avec succès des projets pilotes sur des véhicules commerciau­x, scolaires et ceux assurant le transport en commun.

Oui, au début, les gens ont des réticences, mentionne le chercheur. « Ils ont des craintes que ce soit trop intrusif et que ça rende leur travail plus compliqué. Mais après quelques mois, ils soulignent que ça s’intègre bien à leur routine et qu’ils se sentent plus en sécurité. »

À court terme, L’INSPQ croit que ce type de projet pilote doit voir le jour.

Toutefois, la technologi­e n’est pas encore au point pour un déploiemen­t universel, admet M. Blais.

« Tant qu’elle ne le sera pas, c’est délicat de l’obliger pour tous les véhicules. Il pourrait y avoir certaines résistance­s au sein de la population. On n’est pas encore au point, c’est pour ça qu’on reste assez prudent. »

2000 $ L’APPAREIL

De son côté, le directeur général d’éduc’alcool, Hubert Sacy, soutient qu’il y a matière à débat. Mais la recommanda­tion est déraisonna­ble si le coût de l’appareil est de 2000 $, surtout pour la majorité de personnes qui conduisent sans être sous les effets de l’alcool.

« C’est le client qui paie. Un antidémarr­eur pour quelqu’un qui ne boit même pas, pourquoi lui faire payer 2000 $ ? Cependant, lui faire payer 200 $ de plus, il n’y a pas de soucis », a conclu M. Sacy.

 ?? PHOTOS COURTOISIE ET D’ARCHIVES AGENCE QMI ?? Le 23 mars dernier, Thomas Ratté a perdu la vie, fauché par un chauffard au coin de l’avenue du Bourg-royal et de Château-bigot, dans le secteur Charlesbou­rg, à Québec. En mortaise, Thomas Ratté et sa mère Odette Lachance.
PHOTOS COURTOISIE ET D’ARCHIVES AGENCE QMI Le 23 mars dernier, Thomas Ratté a perdu la vie, fauché par un chauffard au coin de l’avenue du Bourg-royal et de Château-bigot, dans le secteur Charlesbou­rg, à Québec. En mortaise, Thomas Ratté et sa mère Odette Lachance.

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