Un éthylomètre dans chaque auto
Un moyen efficace pour ne pas conduire avec les facultés affaiblies, dit un chercheur
Afin d’enrayer les décès liés à l’alcool au volant, l’institut national de santé publique du Québec (INSPQ) recommande qu’à long terme tous les véhicules soient munis d’un antidémarreur éthylométrique (AE).
L’INSPQ a dévoilé un avis scientifique sur l’utilisation de l’antidémarreur éthylométrique qui recommande d’en installer à vie dans les voitures des chauffards dès la première récidive.
L’organisme propose aussi de créer des projets pilotes pour installer des éthylomètres dans des flottes de véhicules de transport public et commerciaux. Cette mesure pourrait être étendue à tous les véhicules quand la technologie sera plus accessible.
« C’est une mesure très efficace, parce qu’on neutralise les possibilités de conduire avec les facultés affaiblies », souligne l’auteur de l’étude, Étienne Blais, professeur titulaire à l’école de criminologie de l’université de Montréal.
Il s’agit, selon le chercheur, du meilleur moyen pour mettre un terme au fléau de l’alcool au volant sur les routes du Québec.
ALLER PLUS LOIN
Depuis 20 ans, Québec a tenté, en vain, de réduire l’alcool au volant. Criminalisation, campagnes de sensibilisation, multiplication des barrages routiers, réduction de la limite permise, perte du permis de conduire, taxe sur l’alcool, réduction des heures de vente : malgré tout cela, le nombre de décès sur les routes du Québec en raison de l’alcool stagne.
Au total, 30 % des conducteurs décédés au Québec avaient une alcoolémie supérieure à la limite permise. Il s’agit de la première cause de mort sur les routes.
« C’est assez important. C’est gros. Si on veut vraiment diversifier nos mesures, aller de l’avant et faire des progrès, je pense qu’il est temps qu’on cible les véhicules », affirme le chercheur.
D’ailleurs, plusieurs pays comme l’australie et la Suède ont mené avec succès des projets pilotes sur des véhicules commerciaux, scolaires et ceux assurant le transport en commun.
Oui, au début, les gens ont des réticences, mentionne le chercheur. « Ils ont des craintes que ce soit trop intrusif et que ça rende leur travail plus compliqué. Mais après quelques mois, ils soulignent que ça s’intègre bien à leur routine et qu’ils se sentent plus en sécurité. »
À court terme, L’INSPQ croit que ce type de projet pilote doit voir le jour.
Toutefois, la technologie n’est pas encore au point pour un déploiement universel, admet M. Blais.
« Tant qu’elle ne le sera pas, c’est délicat de l’obliger pour tous les véhicules. Il pourrait y avoir certaines résistances au sein de la population. On n’est pas encore au point, c’est pour ça qu’on reste assez prudent. »
2000 $ L’APPAREIL
De son côté, le directeur général d’éduc’alcool, Hubert Sacy, soutient qu’il y a matière à débat. Mais la recommandation est déraisonnable si le coût de l’appareil est de 2000 $, surtout pour la majorité de personnes qui conduisent sans être sous les effets de l’alcool.
« C’est le client qui paie. Un antidémarreur pour quelqu’un qui ne boit même pas, pourquoi lui faire payer 2000 $ ? Cependant, lui faire payer 200 $ de plus, il n’y a pas de soucis », a conclu M. Sacy.