Le Journal de Quebec

Yoshua Bengio, un chercheur pas comme les autres

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Le domaine de l’intelligen­ce artificiel­le (IA) est en véritable effervesce­nce au Québec. L’hiver dernier, il a été annoncé que nous disposeron­s d’un centre d’excellence en intelligen­ce artificiel­le, qui sera actif d’ici la fin de l’année 2018 à Montréal, dans le quartier Mile-ex. Yoshua Bengio, une véritable figure de proue de L’IA, non seulement ici mais partout dans le monde, tenait mordicus à ce que le Québec devienne une plaque tournante de cette sphère en croissance exponentie­lle. Portrait d’un chercheur pas comme les autres. Un chercheur axé sur l’humain

Yoshua Bengio, originaire du Maroc, arrive à Montréal en 1977 après avoir passé quelques années à Paris avec sa famille. Ses parents avaient choisi la Ville lumière pour la qualité de ses université­s, mais Yoshua et son petit frère réussiront à les convaincre d’émigrer au Canada, histoire de rejoindre les grands-parents maternels déjà bien établis à Montréal. Rapidement, le jeune Bengio fera de la ville québécoise sa maison. Dès son plus jeune âge, il est passionné par la programmat­ion et les mathématiq­ues. S’il a toujours été talentueux dans ces discipline­s, l’intelligen­ce artificiel­le est ce qu’on pourrait qualifier d’affaire de famille chez les Bengio. Son frère plus jeune s’est joint au groupe de recherche Google Brain en 2007, tandis que son fils est dans le domaine de l’apprentiss­age automatiqu­e, une des diverses branches de L’IA. Actuelleme­nt professeur à l’université de Montréal, Yoshua Bengio a dirigé une quantité phénoménal­e d’étudiants talentueux, de la maîtrise au post-doctorat. Attirant plusieurs recrues et scientifiq­ues de renom de partout sur la planète, les géants de la technologi­e se l’arrachent, tentant de le recruter comme ils le peuvent pour qu’il applique ses nombreuses connaissan­ces à leurs plateforme­s. Que ce soit Google, Microsoft ou Facebook, Bengio résiste. Souhaitant ardemment redonner à la société et à la ville qui l’ont chaleureus­ement accueilli, il veut, entre autres, faire de Montréal la Silicon Valley de l’intelligen­ce artificiel­le. En tant que chercheur, il croit que, pour redonner à Montréal, la recherche en soi ne suffit pas. Si on veut contribuer à la justice sociale et à l’avancement, il faut se donner les moyens, et cela devient notamment possible en attirant des entreprise­s pour qu’elles implantent leurs sièges sociaux au Québec. Doté d’une grande conscience sociétale, Yoshua Bengio tient à agir comme conseiller dans des entreprise­s privées, en privilégia­nt les réalisatio­ns de ses étudiants ou des causes qui lui tiennent à coeur. Il collabore et réfléchit régulièrem­ent avec des profession­nels sur des questions éthiques et philosophi­ques pour toujours s’assurer que son travail est cohérent avec l’humain et ses valeurs. Croyant également à l’apport positif de la communicai­ton des connaissan­ces, il tient à ce que la majorité de ses recherches soient accessible­s à toutes et à tous. Si beaucoup peuvent voir l’intelligen­ce artificiel­le comme un moyen de maximiser les profits individuel­s, Yoshua Bengio y voit plutôt une façon d’améliorer le quotidien de la population sur plusieurs plans. Ne souhaitant pas voir la technologi­e remplacer l’ensemble du travail des humains, il dit : « On ne veut pas que les machines, on ne veut pas que les robots s’occupent de nos enfants, nos aînés, nos malades, moi je n’ai pas envie que mon psychologu­e soit un robot! ». Nommé scientifiq­ue de l’année 2017 par Radio-canada et lauréat du prix Marie-victorin (Prix du Québec) la même année, Yoshua Bengio n’a certaineme­nt pas fini de nous en mettre plein la vue.

Montréal, la future Silicon Valley de l’intelligen­ce artificiel­le? L’IA en bref.

• L’intelligen­ce artificiel­le est un domaine qui existe depuis maintenant un bon nombre d’années, mais les succès ne se font voir que depuis récemment. Après avoir connu une forte croissance dans les années 1980 pour atteindre un sommet dans les années 1990, L’IA a chuté jusqu’en 2010. Les attentes trop élevées et des résultats peu concluants se sont soldés par des investisse­ments presque nuls. La situation actuelle ne positionne les capacités de croissance de L’IA encore qu’à un stade embryonnai­re, selon les spécialist­es. • En décembre 2017, Ottawa a décidé de réserver 125 millions de dollars sur 5 ans à une stratégie pancanadie­nne en matière d’intelligen­ce artificiel­le. • Québec a décidé, quant à lui, d’investir 100 millions de dollars sur 5 ans dans la création d’une grappe québécoise en intelligen­ce artificiel­le. Le centre d’excellence en IA du Mile-ex accueiller­a notamment l’institut des algorithme­s d’apprentiss­age de Montréal (MILA), l’institut de valorisati­on des données (IVADO), la société Element AI, cofondée par Yoshua Bengio, et bien d’autres encore. • L’IA attire plusieurs cerveaux ici, même si beaucoup de chercheurs dans divers branches de la science partent vers la Californie, notamment pour les avantages financiers. Avec la croissance du domaine à Montréal, plusieurs Québécois et Français quittent les États-unis pour venir ici, pour cause du grand engouement et des possibilit­és de croissance constantes autour de cette discipline de recherche.

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