Le Journal de Quebec

Même calendrier, pas la même date

- MAXIM MARTIN

Comme tout le monde, je suis sidéré par ces images d’enfants séparés de leurs parents. Sur le coup, j’ai pensé que ça se passait dans un pays lointain, là où la vie humaine n’a pas la même valeur qu’ici. Mais non ! C’est juste au sud du Canada, chez nos voisins. Ça se passe dans un pays qui prône l’égalité et la liberté. Tant qu’à faire de l’ironie, aussi bien y aller à fond, je vais leur donner ça !

J’ai souvent l’impression que les pays sous-développés (moralement, pas technologi­quement) ont le même calendrier que nous, mais pas la même date. Chaque fois que je vois des images déchirante­s comme celles qui ont fait les manchettes cette semaine, je dois me rappeler qu’on est bel et bien en 2018. Nous sommes dans le troisième millénaire. Pas le premier.

Ça me rappelle mes cours d’histoire du secondaire, quand on étudiait les empires grecs et romains et comment ils se sont écroulés. Je me posais cette question : comment est-ce possible de l’échapper à ce point quand tu es le gouverneme­nt qui a le plus d’influence sur la planète ?

DE L’ARROGANCE

En regardant aller Donald Trump, j’ai une partie de la réponse. Il arrive un jour où tu penses que ta machine est puissante, bien huilée, que peu importe qui la conduit, elle va avancer dans la bonne direction. Erreur d’arrogance.

T’as beau avoir la chaîne FOX pour appuyer toutes tes conneries, pour abrutir ta population, c’est comme n’importe quelle plaie infectée : quand y a trop de pus, ça finit par éclater… Désolé pour l’image.

On peut regarder ce qui se passe chez nos voisins comme on regarde un mauvais sitcom. C’est certaineme­nt bon pour le sens de l’humour. Mais en vérité, c’est juste démoralisa­nt. Chaque fois que le monde essaie d’aller de l’avant, il y a toujours un boulet qui s’acharne et s’accroche à nous pour nous ralentir. Ça devient lourd.

Le pire, c’est que le virus Trump est beaucoup plus répandu que ce qu’on pense. Si les élections américaine­s avaient lieu demain matin, ses chances de l’emporter seraient bonnes.

En fait, je me demande ce que ça dit sur nous. On vit dans un monde où les extrémiste­s de gauche et de droite sont dévoués à leurs croyances comme le Québec l’est à la Sainte-flanelle. Et pourquoi des erreurs politiques sur deux pattes comme Donald Trump aboutissen­t-elles au pouvoir ? Parce qu’entre les deux gangs de crinqués, il y a vous et moi, qui nous impliquons seulement quand ça fait notre affaire ou que ça nous touche directemen­t.

NOS VOISINS GÊNANTS

Ce n’est certaineme­nt pas la meilleure façon de se débarrasse­r de nos parasites. On le sait tous, mais je vous comprends. On a l’impression de se battre pour les mêmes valeurs, droits et égalités depuis des siècles.

C’est comme avoir un nouveau voisin désagréabl­e qui s’installe dans ton quartier. Avec sa mentalité de petit pain et son comporteme­nt de tout croche, tu as peur qu’il fasse baisser la valeur de ta maison.

Tu as beau essayer de lui parler, il a le droit de tondre son gazon un samedi matin à 7 h, d’arroser son asphalte en pleine canicule et de laisser ses enfants terroriser tous les kids du quartier sans jamais les discipline­r. Ses enfants sont meilleurs que tous les autres et, peu importe le conflit, ce n’est jamais de leur faute.

Tu as beau essayer de lui faire voir les choses autrement, tu finis par te résigner. Ton seul espoir, c’est qu’un jour il déménage.

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