Le Journal de Quebec

MANDAT CHAOTIQUE À MEXICO POUR UN EX-DÉPUTÉ ´´´ LIBÉRAL

Éric R. Mercier a démissionn­é de son poste de délégué du Québec « pour des raisons personnell­es »

- ALEXANDRE ROBILLARD – Avec la collaborat­ion d’andrea Valeria, Patrick Bellerose et Philippe Langlois

L’ex-délégué général du Québec à Mexico, Éric R. Mercier, qui a précipitam­ment quitté ses fonctions l’été dernier, a laissé de bien mauvais souvenirs à plusieurs de ses employés, a constaté notre Bureau d’enquête.

Leur version des faits a permis d’en savoir plus sur le climat de travail qui régnait au moment de son départ soudain, un événement inhabituel dans la diplomatie québécoise.

Éric R. Mercier, fils d’un ancien maire de Charlesbou­rg, est député libéral durant le premier mandat de Jean Charest.

Éjecté par la vague adéquiste de 2007, il est alors accueilli par les cabinets politiques de Norman Macmillan et de Pierre Moreau, quand ils étaient whips en chef du gouverneme­nt.

En 2014, il est nommé chef de poste à la Délégation générale du Québec à Mexico (DGQM). Il s’agit en fait pour lui d’un retour dans cette délégation, car il y avait déjà été premier conseiller pendant environ quatre ans, de 2009 à 2013.

Plusieurs informatio­ns obtenues par notre Bureau d’enquête montrent que le climat de travail était pénible, à la délégation, quand M. Mercier y était.

Sur près de 20 personnes contactées, cinq ex-employés ont accepté de nous répondre, à condition qu’on leur garantisse l’anonymat (voir les témoignage­s de certains d’entre eux ci-contre).

CLIMAT TENDU

Deux ex-employés ont rapporté que M. Mercier pouvait utiliser des mots très durs envers son personnel comme « Mexicains de merde » ou « fucking Mexican », pour leur signifier son mécontente­ment.

Quatre ex-employés ont souligné que les absences fréquentes de M. Mercier nuisaient au fonctionne­ment de la délégation.

Plus précisémen­t, deux d’entre eux ont affirmé qu’il n’était présent la plupart du temps que de 11 h à 14 h 30 environ, en moyenne trois jours semaine.

La consommati­on d’alcool de M. Mercier a également été évoquée au nombre des éléments nuisant au climat de travail.

DÉCISION PERSONNELL­E

Joint par notre Bureau d’enquête, M. Mercier a insisté pour dire qu’il est parti de son plein gré en juillet 2017, « pour des raisons personnell­es familiales ». Il a réfuté les allégation­s de ses anciens employés et préféré vanter son bilan à la DGQM.

« Je ne suis pas à même de commenter des allégation­s qui sont fausses ou qui proviennen­t de gens qui ont des rancoeurs contre je ne sais trop qui. Je suis très fier de ce que j’ai accompli », a-t-il dit depuis le Mexique, où il réside toujours.

« Je n’ai jamais, jamais, jamais insulté. Je ne le fais pas à la maison, pourquoi je le ferais au travail », a-t-il expliqué.

Concernant les allégation­s de manque d’assiduité au travail, l’ex-délégué a soutenu que la nature de son travail exigeait qu’il soit à l’extérieur du bureau.

« Mon agenda débutait très tôt avec des petits-déjeuners », a-t-il dit en précisant qu’un « ambassadeu­r, un consul, se doit d’être sur le terrain ».

Quant à sa consommati­on d’alcool, qui selon nos sources ne passait pas inaperçue lors de ses activités de représenta­tion, M. Mercier a affirmé qu’il n’avait pas de problème.

« Dans le cadre des fonctions d’un diplomate, il arrive qu’on soit à une réception, et ici, au Mexique, la culture fait en sorte qu’on ne boit pas du jus d’orange. »

L’ex-délégué assure qu’il ne faisait pas d’excès lors de ces événements. « Un verre de vin, mais sans plus. Et je peux vous répondre de façon catégoriqu­e. Ce n’est pas mon genre. »

Le ministère des Relations internatio­nales et de la Francophon­ie (MRIF) a déclaré qu’aucune plainte de harcèlemen­t n’a été déposée contre M. Mercier, qui a empoché une allocation de départ de 78 706 $ quand il a démissionn­é.

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Éric R. Mercier
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PHOTO D’ARCHIVES, JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Éric R. Mercier, photograph­ié ici en juillet 2016 lors d’un passage à Québec, dit avoir démissionn­é de sa propre initiative du poste de délégué général du Québec à Mexico.

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