MANDAT CHAOTIQUE À MEXICO POUR UN EX-DÉPUTÉ ´´´ LIBÉRAL
Éric R. Mercier a démissionné de son poste de délégué du Québec « pour des raisons personnelles »
L’ex-délégué général du Québec à Mexico, Éric R. Mercier, qui a précipitamment quitté ses fonctions l’été dernier, a laissé de bien mauvais souvenirs à plusieurs de ses employés, a constaté notre Bureau d’enquête.
Leur version des faits a permis d’en savoir plus sur le climat de travail qui régnait au moment de son départ soudain, un événement inhabituel dans la diplomatie québécoise.
Éric R. Mercier, fils d’un ancien maire de Charlesbourg, est député libéral durant le premier mandat de Jean Charest.
Éjecté par la vague adéquiste de 2007, il est alors accueilli par les cabinets politiques de Norman Macmillan et de Pierre Moreau, quand ils étaient whips en chef du gouvernement.
En 2014, il est nommé chef de poste à la Délégation générale du Québec à Mexico (DGQM). Il s’agit en fait pour lui d’un retour dans cette délégation, car il y avait déjà été premier conseiller pendant environ quatre ans, de 2009 à 2013.
Plusieurs informations obtenues par notre Bureau d’enquête montrent que le climat de travail était pénible, à la délégation, quand M. Mercier y était.
Sur près de 20 personnes contactées, cinq ex-employés ont accepté de nous répondre, à condition qu’on leur garantisse l’anonymat (voir les témoignages de certains d’entre eux ci-contre).
CLIMAT TENDU
Deux ex-employés ont rapporté que M. Mercier pouvait utiliser des mots très durs envers son personnel comme « Mexicains de merde » ou « fucking Mexican », pour leur signifier son mécontentement.
Quatre ex-employés ont souligné que les absences fréquentes de M. Mercier nuisaient au fonctionnement de la délégation.
Plus précisément, deux d’entre eux ont affirmé qu’il n’était présent la plupart du temps que de 11 h à 14 h 30 environ, en moyenne trois jours semaine.
La consommation d’alcool de M. Mercier a également été évoquée au nombre des éléments nuisant au climat de travail.
DÉCISION PERSONNELLE
Joint par notre Bureau d’enquête, M. Mercier a insisté pour dire qu’il est parti de son plein gré en juillet 2017, « pour des raisons personnelles familiales ». Il a réfuté les allégations de ses anciens employés et préféré vanter son bilan à la DGQM.
« Je ne suis pas à même de commenter des allégations qui sont fausses ou qui proviennent de gens qui ont des rancoeurs contre je ne sais trop qui. Je suis très fier de ce que j’ai accompli », a-t-il dit depuis le Mexique, où il réside toujours.
« Je n’ai jamais, jamais, jamais insulté. Je ne le fais pas à la maison, pourquoi je le ferais au travail », a-t-il expliqué.
Concernant les allégations de manque d’assiduité au travail, l’ex-délégué a soutenu que la nature de son travail exigeait qu’il soit à l’extérieur du bureau.
« Mon agenda débutait très tôt avec des petits-déjeuners », a-t-il dit en précisant qu’un « ambassadeur, un consul, se doit d’être sur le terrain ».
Quant à sa consommation d’alcool, qui selon nos sources ne passait pas inaperçue lors de ses activités de représentation, M. Mercier a affirmé qu’il n’avait pas de problème.
« Dans le cadre des fonctions d’un diplomate, il arrive qu’on soit à une réception, et ici, au Mexique, la culture fait en sorte qu’on ne boit pas du jus d’orange. »
L’ex-délégué assure qu’il ne faisait pas d’excès lors de ces événements. « Un verre de vin, mais sans plus. Et je peux vous répondre de façon catégorique. Ce n’est pas mon genre. »
Le ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF) a déclaré qu’aucune plainte de harcèlement n’a été déposée contre M. Mercier, qui a empoché une allocation de départ de 78 706 $ quand il a démissionné.