Dure semaine pour les travailleurs
Ceux qui travaillent à l’extérieur devront affronter des conditions de chaleur extrême
La semaine de canicule s’annonce tout simplement infernale pour ceux qui travaillent à l’extérieur, principalement les travailleurs de la construction et de la voirie, qui devront passer leurs journées entières sous un soleil de plomb.
Rencontrés par Le Journal hier au retour du long congé de la fête du Canada, des travailleurs de la construction admettaient que la chaleur accablante était « dure sur le moral ».
« On manque un peu de motivation, c’est tough pas mal », confiaient les membres d’une équipe de couvreurs de l’entreprise Toitures Hillman.
« On travaille avec des torches, ce qui fait que la température peut aller jusqu’en haut de 55 degrés facilement autour [sur le toit]. Et l’ombre est rare sur une toiture », explique Dominic Plourde, bien installé à l’ombre durant la pause dîner. « Ça va être une semaine d’enfer. »
DÉSHYDRATATION RAPIDE
Les employés des compagnies de pavage ne sont pas en reste, alors que l’asphalte qu’ils étendent atteint des températures vertigineuses.
« Ça sort de la machine à 180 degrés. On se déshydrate tellement vite qu’on n’a pas le choix d’arrêter souvent. Aux 5-10 minutes, on essaie de prendre une gorgée d’eau », raconte Carl Guay, employé à l’asphaltage de la Ville de Québec.
Ce dernier précise que son patron a pris bien soin de sensibiliser toute l’équipe avant de la laisser partir sur la route en matinée. « Ils nous ont rappelé les symptômes des coups de chaleur et ont insisté pour qu’on se retire si jamais ça ne va pas. Et on a de l’eau en masse », souligne M. Guay.
Sur un autre chantier, un contremaître de la compagnie Pavage UCP s’assurait du bien-être de ses troupes. « Le cooler est proche et il est rempli d’eau. Mais j’ai dû perdre à peu près 5 livres quand même depuis ce matin », plaisantait Clément Chouinard, qui a demandé à ses employés de ralentir le rythme en raison du temps chaud.
TRAVAILLEURS À RISQUE
C’est d’ailleurs ce conseil que donne la Santé publique aux entrepreneurs qui travaillent dehors, des gens « très à risque ».
« La même tâche qu’on fait d’habitude, il faut l’imaginer avec une réduction de 25 à 30 % de l’efficacité et de la rapidité. Les employeurs doivent revoir leurs attentes, il faut être au “rythme mexicain” », conseille l’adjointe médicale au directeur de la santé publique de Québec, la Dre Isabelle Goupil Sormany.
Malgré les risques liés à la chaleur accablante, le CIUSSS de la Capitale-nationale et le CHU de Québec ne recensent toujours pas de problématiques majeures dans les urgences.
« En milieu de journée, on parlait de deux, trois ou quatre cas par établissement environ. On ne parle pas encore de vague », précise Lindsey Jacques, porte-parole du CHU de Québec, ajoutant que, contrairement à Montréal, aucun décès lié à la chaleur n’a été enregistré dans la région.
La situation pourrait toutefois évoluer alors qu’environnement Canada prévoit une hausse du mercure aujourd’hui et demain. « On aura le potentiel de battre des records jeudi. On devrait encore monter au-delà des 40 degrés avec l’humidex », indique Alexandre Parent, météorologue.
En réaction à la canicule qui se prolonge, la ville de Québec a annoncé hier le prolongement des heures d’ouverture de plusieurs piscines publiques jusqu’à 20 h.