Le Journal de Quebec

Un homme n’est pas une femme

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com

La scène s’est passée en France il y a quelques jours, dans le cadre d’une émission consacrée à la Fierté gaie.

L’animateur constate l’absence de femmes dans son émission, et affirme qu’on n’y trouve que quatre hommes. Mais l’un d’entre eux s’insurge.

Il a beau avoir l’air d’un homme, avoir une voix masculine et porter la barbe, il ne tolère pas ce qu’il vient d’entendre : « Je ne suis pas un homme, Monsieur » ! On lui demande alors ce qu’il est. « Non-binaire », répond-il, avec un sérieux désarmant.

L’extrait, devenu viral sur les médias sociaux, suscite l’hilarité générale.

LGBTQIA+

Imaginons toutefois la même scène au Québec, paradis du politiquem­ent correct, où on n’en finit plus de reclasser l’alphabet lorsqu’on parle des LGBTQIA+ (d’ici quelques années, on ajoutera des lettres).

Je ne parle pas des droits des homosexuel­s ici, mais de la remise en question de la différence sexuelle. Tout ce qui transgress­e les représenta­tions traditionn­elles de l’identité sexuelle est valorisé médiatique­ment.

Comme d’habitude, les préoccupat­ions issues des marges en viennent à occuper tout l’espace politique et le commun des mortels doit s’y faire, et même se taire, sans quoi on l’insultera. Si au Québec, on s’était moqué de cet homme qui s’indigne qu’on lui rappelle qu’il en est un, on aurait assisté à un tsunami d’indignatio­n médiatique. On aurait dénoncé une série de phobies. Et on aurait pris le monsieurpa­s-content-d’être-un-monsieur pour un militant courageux méritant notre admiration. On aurait fait de cet hurluberlu un héros en lutte contre les discrimina­tions.

Quand une idéologie radicale parvient à nous obliger à penser le monde dans ses termes, c’est le signe que la société devient folle. Et nous y sommes. Rappelons-nous quand Service Canada avait demandé à ses employés de ne pas utiliser les mots Madame et Monsieur avec ses usagers pour éviter de présumer leur identité de genre.

Dans ce monde renversé, il devient courageux de rappeler que la réalité existe, que 2 plus 2 font 4 et qu’un homme n’est pas une femme non plus qu’une entité non binaire. L’identité sexuelle n’est pas un pur choix soumis à nos caprices et nos désirs.

Certes, au fil de l’histoire, nos représenta­tions du masculin et du féminin ont varié, mais la référence au masculin et au féminin demeure essentiell­e pour toutes les sociétés humaines.

Évidemment, il faut faire preuve de la plus grande empathie pour ceux qui se sentent à ce point étrangers à leur sexe qu’ils basculent dans la détresse en trouvant une manière de les accommoder sans mauvaise foi.

Il y a des limites à abolir la réalité

DÉCONSTRUC­TION

Mais soyons sérieux : ces cas sont ultra-marginaux et on ne saurait rebâtir la société à partir d’eux. On ne saurait non plus laisser la gauche radicale instrument­aliser leur malheur pour justifier son entreprise de déconstruc­tion identitair­e.

Car c’est de cela qu’il s’agit : nos sociétés, saisies de l’ivresse de la déconstruc­tion, ne savent plus s’arrêter. Elles se jettent dans le vide et la jeunesse payera le prix de cette désorienta­tion causée par la destructio­n des repères fondamenta­ux. Elle le paye déjà.

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