Le salon vieux !
La prochaine législature, composée de députés fraîchement élus le 1er octobre, devra trancher une question délicate : doit-on transformer de fond en comble le Salon bleu de l’assemblée nationale pour le rendre moderne et technologique, ou limiter les rénovations pour en préserver le caractère muséal ?
Lors de l’étude des crédits de l’assemblée nationale en mai dernier, le président Jacques Chagnon en a surpris plus d’un en révélant un embryon de projet de réfection du « Salon de la race ». Avant de partir pour les vacances ou la retraite, les députés ont confié un mandat au secrétariat de l’assemblée afin qu’il dresse un bilan de santé de la pierre angulaire de la maison du peuple. Des scénarios seront proposés, probablement en 2019, aux nouveaux élus.
Une visite des lieux permet de constater que les besoins sont criants. Le tapis est rapiécé, le plâtre s’écaille, les députés s’enfargent dans les cordons des barres d’alimentation électrique entre leurs bureaux trop grands, la ventilation déficiente date des années 1970, l’acoustique est pourrie, des sièges dans les tribunes sont percés, et j’en passe.
Selon un ancien président de l’assemblée, il faudrait profiter de l’occasion pour complètement repenser l’espace et même remplacer l’actuelle disposition des sièges héritée du système parlementaire britannique par une forme d’hémicycle, comme en France ou en Espagne.
Vrai que cela permettrait de mieux regrouper les groupes parlementaires, alors qu’actuellement, des élus d’arrière-ban du parti au pouvoir se retrouvent du côté opposé, faute d’espace.
PAS ASSEZ DE PLACE
On raconte que des députés ont pleuré dans le bureau du président, dans le passé, après qu’on leur ait appris qu’ils devraient siéger dans les banquettes arrière de l’opposition !
Pour d’autres, une transformation si radicale constituerait un sacrilège. De toute évidence, la salle n’est plus assez grande. Lors de la première séance dans le Salon (qui était vert à l’époque), le 8 avril 1886, l’assemblée comptait 65 députés. Aujourd’hui, ils sont 125 !
Mais il apparaît difficile de concevoir des travaux d’agrandissement tout en souhaitant conserver le caractère patrimonial de cet édifice unique comme une église !
Dans les années 1980, l’hypothèse d’un agrandissement utilisant l’espace du restaurant le Parlementaire avait été avancée. La salle à manger aurait alors été déménagée dans la bibliothèque qui, elle, aurait dû être relocalisée. Tout ça a vite été écarté.
Mais notre parlement mérite mieux. Notre démocratie aussi.
UNE NOUVELLE ÈRE
Avec des bureaux modernes et informatisés, il serait possible de répertorier électroniquement les votes d’un élu durant son mandat. Alors qu’aujourd’hui, si vous voulez vérifier de quel bord a voté l’élu de votre circonscription, il faudra consulter les archives, pour chaque vote… Bonne chance !
À Ottawa, pas moins de 3 milliards $ sont investis dans la réfection complète du bloc centre du Parlement, ce qui a forcé l’érection d’une nouvelle chambre des communes temporaire dans la cour intérieure.
Du côté de l’assemblée nationale, un premier pas, de 60 millions $, a été franchi avec la construction d’un nouveau pavillon d’accueil souterrain, plus sécuritaire, et de nouvelles salles pour la tenue de commissions parlementaires. Les nouvelles installations seront inaugurées dans près d’un an, au printemps 2019. À ce moment-là, les élus de la prochaine législature devront faire des choix pour la suite des choses…