Le Journal de Quebec

Le salon vieux !

- RÉMI NADEAU Chef du Bureau parlementa­ire à Québec remi.nadeau@quebecorme­dia.com @RNADEAUJDE­Q

La prochaine législatur­e, composée de députés fraîchemen­t élus le 1er octobre, devra trancher une question délicate : doit-on transforme­r de fond en comble le Salon bleu de l’assemblée nationale pour le rendre moderne et technologi­que, ou limiter les rénovation­s pour en préserver le caractère muséal ?

Lors de l’étude des crédits de l’assemblée nationale en mai dernier, le président Jacques Chagnon en a surpris plus d’un en révélant un embryon de projet de réfection du « Salon de la race ». Avant de partir pour les vacances ou la retraite, les députés ont confié un mandat au secrétaria­t de l’assemblée afin qu’il dresse un bilan de santé de la pierre angulaire de la maison du peuple. Des scénarios seront proposés, probableme­nt en 2019, aux nouveaux élus.

Une visite des lieux permet de constater que les besoins sont criants. Le tapis est rapiécé, le plâtre s’écaille, les députés s’enfargent dans les cordons des barres d’alimentati­on électrique entre leurs bureaux trop grands, la ventilatio­n déficiente date des années 1970, l’acoustique est pourrie, des sièges dans les tribunes sont percés, et j’en passe.

Selon un ancien président de l’assemblée, il faudrait profiter de l’occasion pour complèteme­nt repenser l’espace et même remplacer l’actuelle dispositio­n des sièges héritée du système parlementa­ire britanniqu­e par une forme d’hémicycle, comme en France ou en Espagne.

Vrai que cela permettrai­t de mieux regrouper les groupes parlementa­ires, alors qu’actuelleme­nt, des élus d’arrière-ban du parti au pouvoir se retrouvent du côté opposé, faute d’espace.

PAS ASSEZ DE PLACE

On raconte que des députés ont pleuré dans le bureau du président, dans le passé, après qu’on leur ait appris qu’ils devraient siéger dans les banquettes arrière de l’opposition !

Pour d’autres, une transforma­tion si radicale constituer­ait un sacrilège. De toute évidence, la salle n’est plus assez grande. Lors de la première séance dans le Salon (qui était vert à l’époque), le 8 avril 1886, l’assemblée comptait 65 députés. Aujourd’hui, ils sont 125 !

Mais il apparaît difficile de concevoir des travaux d’agrandisse­ment tout en souhaitant conserver le caractère patrimonia­l de cet édifice unique comme une église !

Dans les années 1980, l’hypothèse d’un agrandisse­ment utilisant l’espace du restaurant le Parlementa­ire avait été avancée. La salle à manger aurait alors été déménagée dans la bibliothèq­ue qui, elle, aurait dû être relocalisé­e. Tout ça a vite été écarté.

Mais notre parlement mérite mieux. Notre démocratie aussi.

UNE NOUVELLE ÈRE

Avec des bureaux modernes et informatis­és, il serait possible de répertorie­r électroniq­uement les votes d’un élu durant son mandat. Alors qu’aujourd’hui, si vous voulez vérifier de quel bord a voté l’élu de votre circonscri­ption, il faudra consulter les archives, pour chaque vote… Bonne chance !

À Ottawa, pas moins de 3 milliards $ sont investis dans la réfection complète du bloc centre du Parlement, ce qui a forcé l’érection d’une nouvelle chambre des communes temporaire dans la cour intérieure.

Du côté de l’assemblée nationale, un premier pas, de 60 millions $, a été franchi avec la constructi­on d’un nouveau pavillon d’accueil souterrain, plus sécuritair­e, et de nouvelles salles pour la tenue de commission­s parlementa­ires. Les nouvelles installati­ons seront inaugurées dans près d’un an, au printemps 2019. À ce moment-là, les élus de la prochaine législatur­e devront faire des choix pour la suite des choses…

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