Le Journal de Quebec

Un trafiquant de fentanyl sous surveillan­ce accrue

Les autorités carcérales craignent l’évasion de Berry

- ERIC THIBAULT

En raison de son risque « élevé » d’évasion, un trafiquant montréalai­s de fentanyl relié à plusieurs surdoses mortelles est maintenant enfermé dans des conditions strictes au pénitencie­r à sécurité maximale de Donnacona.

Jason Joey Berry s’est plaint auprès de la Cour supérieure de son transfert parmi les quelque 450 durs à cuire enfermés dans ce bagne situé près de Québec ainsi que de ses journées passées en isolement préventif au « trou », depuis l’automne dernier.

Mais le récidivist­e de 35 ans devra s’y faire puisque le juge Étienne Parent vient de conclure que ces mesures prises par le Service correction­nel du Canada (SCC), que Berry trouvait abusives, sont pleinement justifiées.

PASSIBLE DE LA « PERPÈTE »

Le Montréalai­s est en attente d’extraditio­n dans le Dakota du Nord où il est accusé de complot, d’importatio­n et de trafic de fentanyl ayant causé la mort, risquant ainsi l’emprisonne­ment à perpétuité.

Or, le SCC estime que face à cette éventualit­é, Berry aurait les ressources financière­s et le réseau de contacts pour « organiser une évasion » et fuir la justice américaine, a relaté le juge Parent dans sa décision rendue à la mi-juin.

Berry, qui a des connaissan­ces dans le domaine de la chimie, a déjà démon- tré « une grande capacité à manipuler le système » carcéral, selon les autorités fédérales.

Condamné à quatre ans de taule pour production de pot en 2010, il était en libération conditionn­elle alors qu’il exploitait le tout premier laboratoir­e de fentanyl démantelé par la police de Montréal, en 2013, dans le quartier Pointe-saintCharl­es. Il a écopé de cinq années additionne­lles à l’ombre en 2014.

TRAFIC AU PÉNITENCIE­R

Berry s’est alors retrouvé au pénitencie­r à sécurité « médium » de Drummondvi­lle, où il a trouvé le moyen de poursuivre ses affaires illicites.

Équipé d’un téléphone intelligen­t et assisté du prisonnier Daniel Vivas Ceron, Berry aurait orchestré l’envoi de fentanyl dans une dizaine d’états américains.

Lorsqu’ils transigeai­ent sur internet avec leurs clients, Berry empruntait l’identité du DJ Daniel Desnoyers, tandis que son complice Ceron se faisait appeler « Joe Bleau », d’après une enquête de l’agence américaine Homeland Security et de la Gendarmeri­e royale du Canada.

Depuis 2015, une vingtaine de suspects – dont Berry, Ceron, quatre autres Québécois d’origine asiatique, six Chinois présumés fournisseu­rs de fentanyl et huit trafiquant­s américains – ont été inculpés dans cette affaire.

Quatre Américains ont succombé à des surdoses attribuabl­es à ce réseau, d’après les policiers.

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JASON JOEY BERRY Trafiquant

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