Le Journal de Quebec

Se remettre sur pied, une épreuve physique et mentale

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PARIS | (AFP) Affaibliss­ement musculaire, malnutriti­on et éventuelle­ment infections : affaiblis par de longs jours sans rien à manger, 12 jeunes Thaïlandai­s et leur entraîneur coincés dans une grotte vont pourtant devoir se remettre sur pied rapidement pour sortir, soulignent les spécialist­es de ce genre de sauvetage.

La survie du groupe devra beaucoup au mental, en plus de la résistance physique individuel­le.

« Même si l’incertitud­e face au sauvetage peut développer une situation anxiogène, la force du groupe, leur habitude des lieux doit les avoir fait tenir », estime Jean-noël Dubois, médecin et coordinate­ur du pôle santé secours à la Fédération française de spéléologi­e. « L’aspect mental doit être l’une des choses dont il faut le plus tenir compte », confirme Andrew Watson, du Service de sauvetage minier britanniqu­e.

INCERTITUD­E

Après l’euphorie, il leur a fallu intégrer qu’il allait être compliqué de les ramener à l’air libre. Car ils vont peutêtre devoir faire de la plongée pour franchir certains passages inondés.

« L’incertitud­e quant au moment et à la façon dont ils pourront être sauvés va commencer à s’installer », prévient un universita­ire expert de la santé mentale militaire, Neil Greenberg, du King’s College de Londres.

Quand les plongeurs sont arrivés, les victimes ont dû se dire : « Ils sont entrés, pourquoi je ne peux pas sortir ? », selon Andrew Watson.

La réponse : le parcours, très exigeant, a pris six heures à des plongeurs expériment­és et en pleine forme. « Il faut leur dire exactement quelle est la situation (...) Ils doivent comprendre que c’est un processus difficile qui exigera de la patience ».

La priorité est donc de nourrir et d’hydrater le groupe, pour que chacun retrouve la santé.

UNE « AVENTURE »

Entreprend­re ou non ce chemin vers l’air libre, « cela va être une décision très, très délicate », d’après Andrew Watson. Il estime « bien plus sûr » d’attendre que la route soit praticable sans plongée.

« Il faut garder à l’esprit que ce sont des enfants. Et qu’il s’agit d’eau : ça va bouger, il y aura de la pression, de la résistance, elle ne sera pas claire, et ils n’ont pas d’expérience de l’équipement de plongée », insiste-t-il.

Que l’un d’entre eux ait des difficulté­s, ou panique, risque de stresser tous les autres. Tant que le groupe sera bloqué au même endroit, l’un des défis sera de lui trouver des occupation­s et de maintenir son moral. Un meneur peut transforme­r ce moment « en aventure » plutôt qu’en « épreuve ».

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