Le Journal de Quebec

JANE BIRKIN À COEUR OUVERT

Avant son passage au Festival d’été, Jane Birkin se confie sur cinq années de douleur et de chagrin

- CÉDRIC BÉLANGER

« J’ai tenu à cause de mes amis»

– Jane Birkin

Jane Birkin revient de loin. Anéantie par la mort tragique de sa fille Kate Barry, elle a passé les cinq dernières années dans la noirceur totale. « Je n’avais aucune raison de vivre », confie l’éternelle muse de Serge Gainsbourg. Au téléphone depuis Paris, Jane Birkin s’exprime lentement, mais clairement. À l’aube de son retour chez nous pour un concert au Festival d’été de Québec, ce samedi, la plus française des artistes british, maintenant âgée de 71 ans, assure qu’elle a pris du mieux. « J’ai vendu ma maison à Paris. J’ai vendu ma maison en Bretagne. Je veux tout changer. Depuis deux semaines, vraiment, je me sens légère. Oui, je me sens légère. J’ai enfin fait ce qu’il fallait faire. Je suis soulagée. »

UN CAUCHEMAR

C’est la lumière au bout d’un long tunnel. Le 11 décembre 2013, sa fille Kate, née de son union avec John Barry, meurt quand elle fait une chute de quatre étages de son appartemen­t parisien. Suicide ou accident ? L’affaire n’a jamais été résolue par les autorités, même si ses soeurs Charlotte et Lou sont d’avis qu’elle s’est enlevé la vie. Qu’importe, sa mère Jane est dévastée. « Je n’avais plus aucune confiance en tant que mère, en tant que grand-mère. Je suis restée dans le noir, j’avais honte. Je pensais que je n’avais pas su comment faire. J’étais obsédée par mes craintes pour son fils. Elle me manque tellement. Au début, c’est une telle frayeur et un tel cauchemar. » Sans dire le mot, on devine, à écouter Jane Birkin, qu’elle a souffert de dépression. « Moi qui ai été optimiste toute ma vie, j’étais devenue une vieille pessimiste en tout. Je cherchais juste le moment où personne ne me voyait pour retourner au lit », raconte-t-elle.

UN POIDS POUR SA FILLE

Au même moment, Charlotte Gainsbourg est partie pour les États-unis. Il ne restait que la cadette, Lou Doillon, avec elle en Europe. « Je me suis sentie un poids pour elle. Elle a beaucoup pris sur ses épaules. J’ai essayé d’être joyeuse, mais c’était tellement visible que je ne vivais pas dans cette vie ».

Comble de malheur, Birkin a appris peu de temps après la mort de Kate qu’elle souffrait d’une leucémie. Dont elle s’est remise, non sans peine.

« Après la douleur de Kate, je ne sais pas à quel point ça ne m’arrangeait pas d’être malade, pour être honnête. Le fait de s’en sortir ou pas, ça m’a été égal pendant un moment », confie-t-elle.

Pour l’épauler, elle a pu compter sur ses amis : Gabrielle, sa meilleure copine, et Michel Fournier, son ami canadien. « Ils ont été là, non seulement pour la tragédie de Kate, mais aussi pour ma leucémie. J’ai tenu à cause de mes amis ».

Et samedi soir, elle pourra compter sur le soutien des milliers de fans qui rempliront le Parc de la Francophon­ie pour entendre, en mode symphoniqu­e, les chansons que Serge Gainsbourg lui a écrites.

Birkin/gainsbourg-le symphoniqu­e, au Festival d’été de Québec, le 7 juillet, au parc de la Francophon­ie. La veille, elle se prêtera à un entretien devant public (laissez-passer du FEQ obligatoir­e), à midi, à la salle Dufferin du Hilton Québec.

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