Touchante Birkin, émouvant OSQ
La muse de Gainsbourg a offert une interprétation tout en sensibilité
Entre Jane Birkin et l’orchestre symphonique de Québec, ce fut un touchant mariage de contrastes, hier soir, dans un parc de la Francophonie ravi. Et fermé pour la deuxième fois depuis le début du Festival d’été.
D’un côté, on avait L’OSQ, sous la direction de Simon Leclerc, qui puisait habilement dans son arsenal de cordes et de cuivres pour extirper toute la charge émotive des chansons que Serge Gainsbourg avait écrites pour Birkin après leur rupture, leur conférant par moments une amplitude cinématographique.
De l’autre, celle qui fut muse, aujourd’hui septuagénaire, en offrait une interprétation tout en sensibilité, les ramenant de sa voix fragile, qui lui interdisait de forcer la note, à cette douleur intime qu’exprimait Gainsbourg.
Le tout s’est déployé devant un parterre particulièrement attentif et réceptif, divisé de façon hétéroclite entre chaises pliantes rassemblées devant la scène et spectateurs debout dispersés tout autour.
« IL AURAIT ÉTÉ ÉMU »
Témoin direct aussi de cette union féconde, le pianiste japonais Nobuyuki Nakijima, celui qui a imaginé ces versions orchestrales formant le corpus de ce Birkin/gainsbourg-le symphonique qui fait le tour du monde depuis sa naissance aux Francofolies de Montréal, en 2016.
Avec une quinzaine de minutes de retard, Birkin a pris sa place discrètement sur la scène. Ses mots en ont même été partiellement enterrés par les musiciens pendant l’ouverture sur Ces petits riens.
Ça s’est replacé immédiatement pour Lost Song, bouleversante. Plus loin, Une chose entre autres a eu le même effet remuant. « Je tenais beaucoup à chanter cette chanson, car Serge me fait dire que j’ai eu, plus qu’une autre, le meilleur de lui. Je voudrais le remercier beaucoup », a confié Birkin.
Du travail de L’OSQ, elle a dit que son parolier en aurait été ému aux larmes. « Ça, je le sais. »
LES OVATIONS
À partir de la mi-parcours, le concert est passé en seconde vitesse. Plus dynamiques, Pull marine et La gadoue ont touché la cible et jusqu’à ce que Birkin prenne congé temporairement après L’anamour, ce fut ovation sur ovation.
Pendant son absence, le pot-pourri instrumental proposé par L’OSQ a permis aux spectateurs de se farcir des extraits de quelques classiques dont l’incontournable Je t’aime... moi non plus, reconnaissable dès les premières notes.
L’anglaise, toujours le sourire aux lèvres, est ensuite revenue sur la mélodie de La Javanaise, sublime dernier tour de piste d’une soirée qui n’a laissé personne sur sa faim.