Le Festival de jazz s’explique
L’annulation de SLĀV due à « un ensemble d’éléments »
| L’organisation du Festival international de jazz de Montréal (FIJM) a dressé le bilan de la 39e édition de l’événement, hier après-midi, et en a profité pour expliquer clairement sa décision d’annuler les représentations du controversé spectacle SLĀV : une odyssée théâtrale à travers les chants d’esclaves, de Robert Lepage et Ex Machina, un choix qui a généré une levée de boucliers dans les derniers jours.
C’est le succès au Québec, au Canada, aux États-unis et en Europe et les éloges reçus pour le spectacle Lomax, de Betty Bonifassi, instigatrice de SLĀV, qui ont convaincu Robert Lepage de récidiver avec SLĀV, au Théâtre du Nouveau Monde (TNM).
Lomax ayant fait l’unanimité partout, le FIJM fut étonné de constater que l’avant-première médiatique de SLĀV, le 26 juin, avait attiré des manifestants. Puis, une blessure sérieuse à la cheville de Betty Bonifassi a entraîné une première annulation de quatre représentations prévues de SLĀV.
« Pendant ce temps, le Festival est resté à l’écoute et a reçu des centaines de témoignages provenant des communautés montréalaise, canadienne, des États-unis et de l’international. Nous avons constaté que le débat était beaucoup plus profond que simplement le spectacle SLĀV… Que beaucoup de gens et même des artistes se sont exprimés sur cet important sujet de société », a détaillé le FIJM.
« Nous avons compris que les blessures du passé étaient encore bien vivantes pour beaucoup de nos concitoyens, des blessures souvent profondes et justifiées. La crainte que la situation s’accentue devenait bien réelle, alors que le FIJM est réputé être un événement inclusif, pacifique et sécuritaire. »
SÉCURITÉ PUBLIQUE
Mercredi dernier, au terme de la pause imposée par la blessure de Betty Bonifassi, le FIJM devait donc trancher à savoir si, oui ou non, l’aventure SLĀV se poursuivrait, et a finalement jugé plus prudent, pour un ensemble de facteurs, dont la sécurité publique, d’écarter la production de sa programmation, orientation approuvée par Betty Bonifassi, qui se disait incapable de terminer la série de prestations, et par la direction du TNM.
Le FIJM se défend d’avoir censuré Robert Lepage, Betty Bonifassi et les comédiennes de SLĀV.
« C’est donc un ensemble d’éléments humains et techniques qui a été retenu dans la prise de notre décision finale. […] Nous avons convenu avec Ex Machina et le TNM de prendre la perte financière entre nous afin que les artisans et les artistes puissent être rémunérés comme convenu », a insisté le FIJM, avant de conclure en réitérant sa fierté d’avoir collaboré avec Ex Machina, Robert Lepage et Betty Bonifassi, et en promettant de continuer d’écouter les témoignages des gens « qui se sont sentis blessés ainsi que ceux qui ont été déçus par [notre] décision d’annuler les représentations ».