Le Journal de Quebec

Combien vous faudra-t-il d’argent pour la retraite ?

- Emmanuelle Gril

On entend souvent dire que pour vivre confortabl­ement à la retraite, il faut prévoir un revenu équivalant à 70 % de ce que l’on gagnait durant sa vie active. Estce un mythe ou une réalité ?

Selon le principe des 70 %, si par exemple une personne gagnait 45 000 $ annuelleme­nt pendant qu’elle travaillai­t encore, il lui faudrait se fixer un objectif de 31 500 $ par an comme revenus de retraite.

Toutefois, bien que simple et facile à appliquer, cette règle n’est pas absolue. « On ne peut pas s’y fier aveuglémen­t, car chaque cas est différent », prévient Mylène Lapointe, représenta­nte autonome et conseillèr­e en sécurité financière.

ATTENTION AUX DETTES

Par conséquent, vous devrez viser un pourcentag­e de remplaceme­nt plus élevé si vous gagnez un moins gros salaire. Ainsi, avec un revenu de 30 000 $ par année, un ratio de 70 % représente un maigre 21 000 $. Dans ce cas, un taux de 85 %, voire de 90 %, serait donc plus approprié.

Autre facteur à considérer pour que ce calcul fonctionne : arrivé à la retraite, vous devrez vous être débarrassé de toutes vos dettes et de votre hypothèque, sans cela votre revenu en sera amputé. « C’est une difficulté majeure, car de plus en plus de gens achètent une propriété tard dans leur vie, et n’ont pas terminé de la payer quand ils arrivent à la retraite », précise Mylène Lapointe.

Elle nuance son propos en précisant que même si l’hypothèque n’a pas été entièremen­t remboursée au moment de la retraite, il sera toujours possible de vendre sa résidence et de s’acheter un logement plus petit que l’on pourrait alors payer entièremen­t avec le fruit de la vente.

L’endettemen­t constitue néanmoins un problème à long terme, et ce, même après la fin de la vie active. En effet, la société de consommati­on dans laquelle nous vivons nous incite à dépenser toujours davantage pour nous procurer toutes sortes de biens dont nous n’avons pas nécessaire­ment besoin. « Cela finit par causer un important endettemen­t, même à la retraite. De plus en plus de personnes âgées sont aux prises avec d’importants problèmes financiers », remarque Mylène Lapointe.

LE BON CALCUL

Alors, comment évaluer au plus juste la somme dont on aura besoin une fois sorti du marché du travail ? Il faut tenter d’anticiper la façon dont on souhaite vivre sa retraite. « Par exemple, jouer au golf, voyager, passer l’hiver en Floride coûte cher et on doit en tenir compte dans son budget », illustre Mylène Lapointe.

Le style de vie désiré a donc un impact direct sur les projection­s. Mais bien sûr, cela ne veut pas dire pour autant que l’on sera en mesure de s’offrir la retraite de ses rêves… Il faut donc accepter de faire des compromis : par exemple, si notre voiture est payée, on la conserve le plus longtemps possible au lieu de s’en offrir une nouvelle. Un séjour en Floride sera moins onéreux si l’on séjourne dans une maison mobile ou un véhicule récréatif plutôt que dans un condo.

« Beaucoup de gens pensent qu’à la retraite, les frais vont diminuer, et que

l’on dépense moins parce que l’on vieillit. C’est vrai si l’on se contente de faire des activités qui ne coûtent rien, comme marcher ou aller à la bibliothèq­ue ! Mais dans la majorité des cas, les gens veulent se gâter », explique Mylène Lapointe. Or, avec une espérance de vie de 85 ans en moyenne, il est préférable de bien planifier pour ne pas se retrouver le bec à l’eau… et les poches vides.

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