Le Journal de Quebec

L’increvable kevin anderson

Le Sud-africain remporte un match marathon et attend le gagnant du choc Nadal-djokovic

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WIMBLEDON | Le soleil se couchait doucement en ce vendredi 13 sur Henman Hill lorsque les spectateur­s ont commencé à maugréer en suivant sur l’écran géant le match de demi-finale opposant John Isner à Kevin Anderson sur le court central.

« On veut voir Nadal, on veut voir Djokovic », ont commencé à crier des amateurs exaspérés de devoir patienter aussi longtemps pour avoir droit au spectacle tant attendu entre les deux grands noms du tennis.

Ce match a finalement débuté sous les réflecteur­s vers 20 h 10, sous le toit refermé du court principal, et Djokovic menait 6-4, 3-6 et 7-6 (9) lorsqu’il a fallu tout arrêter en raison de l’existence du couvre-feu de 23 h qui a toujours existé à Wimbledon.

La rencontre se poursuivra donc aujourd’hui à compter de 13 h (heure locale), soit avant le début de la finale féminine entre Serena Williams et Angelique Kerber.

LE DEUXIÈME PLUS LONG MATCH

On se doutait bien que le match entre Isner et Anderson, deux puissants serveurs, allait être long, mais on ne s’attendait pas à ce qu’il dure 6 heures et 36 minutes. Il s’agit du second match le plus long de l’histoire sur la célèbre pelouse anglaise.

Pour les gens qui ne le sauraient pas, le record de tous les temps pour un match de tennis appartient à ce même John Isner, qui avait battu le Français Nicolas Mahut en 11 heures et 5 minutes sur le court numéro 18, en 2010, à Wimbledon. Un match qui avait été disputé sur trois jours !

PEINÉ POUR SON AMI

Anderson, le tombeur de Roger Federer en quart de finale, est venu à bout d’isner en des manches de 7-6 (6), 6-7 (5), 6-7 (9), 6-4 et 26-24. La dernière manche a duré 2 heures et 55 minutes. Les deux géants dotés d’armes de destructio­n massive ont totalisé 102 as durant ce marathon, soit 53-49 en faveur d’isner.

« Je ne sais pas quoi dire, a déclaré un Anderson exténué en entrevue sur les ondes de la BBC. John est un sacré bon gars et je me sens vraiment mal pour lui. Si j’avais perdu un tel match, je ne sais pas comment j’aurais réagi. J’ai donc des sentiments partagés. »

UNE FORMULE À CHANGER

Le Sud-africain de 32 ans partici- pera à une deuxième finale d’un tournoi du Grand Chelem après celle des Internatio­naux des États-unis l’an dernier, qu’il a perdue face à Nadal.

Anderson a reconnu, en entrevue à la télé de même qu’en conférence de presse, qu’il espère qu’une telle situation de match qui s’éternise entraînera une réflexion de la part des dirigeants du tournoi de Wimbledon au sujet de la formule utilisée pour déterminer un vainqueur lorsqu’un match atteint la limite de cinq manches.

« J’espère que c’est un signal en vue d’un changement de formule, car à la fin d’un tel match, on ne se sent pas très bien sur le court, a dit Anderson. Il faut protéger la santé des joueurs. C’est très difficile de jouer au tennis durant six heures et demie. Je ne vois pas ce que ça apporte comme valeur ajoutée. Je verrais bien une formule de bris d’égalité si le pointage se rend à 12-12, par exemple. »

IL COMPREND LES SPECTATEUR­S

Anderson a mentionné qu’il a senti que les spectateur­s avaient hâte que son match se termine.

« Ils ont payé le gros prix pour assister à deux demi-finales et non pas à une seule, a-t-il dit. Ce n’était pas facile non plus pour Rafael et pour Novak de patienter tout ce temps avant d’amorcer leur match... »

Anderson tentera tant bien que mal de refaire le plein d’énergie avant la finale de demain, lui qui est devenu le premier joueur sud-africain à atteindre cette étape magique à Wimbledon depuis Brian Norton en 1921.

John Isner souhaite lui aussi que les dirigeants du tournoi de Wimbledon modifient le règlement dès l’an prochain.

« Ça fait longtemps que cela aurait dû être modifié, a-t-il dit. Ça n’a aucun sens de disputer des matchs aussi longs. Qu’on passe au bris d’égalité si le pointage est de 12-12 dans le cinquième set. »

MAL EN POINT

Isner a raté la chance de devenir le premier joueur américain depuis Andy Roddick en 2009 à atteindre la finale d’un tournoi du Grand Chelem. À 33 ans, il a possibleme­nt laissé filer sa plus belle occasion.

« Je me sens très mal présenteme­nt, a-t-il raconté. Mon talon gauche me fait grandement souffrir tandis que j’ai une terrible ampoule sous le pied droit. C’est très décevant de perdre un tel match, même si je dois reconnaîtr­e que Kevin a bien joué et qu’il mérite la victoire. »

UNE CHUTE SUR LE DOS

Anderson a obtenu des balles de bris à 7-7, 10-10 et 17-17, avant de finalement en convertir une pour prendre les devants 25-24. Il menait 30-0 dans ce jeu, en remportant un point après avoir chuté sur le dos derrière la ligne de fond. Il a été en mesure de se relever à temps pour retourner le coup d’isner

« Ça m’a fait sourire. À cette étape du match, tu tentes simplement de te battre pour chaque point et je me suis dit : “Allez, lève-toi !” » Il a ensuite converti sa première balle de match après qu’isner eut manqué de précision sur son coup, après 6 heures et 36 minutes de jeu.

Pour ce qui est de la demi-finale entre Nadal et Djokovic, deux joueurs qui s’affrontaie­nt pour la 52e fois, le Serbe s’est imposé rapidement pour gagner la première manche 6-4.

Nadal a ensuite su revenir en force pour gagner la suivante. La troisième manche a été chaudement disputée et Djokovic a gagné le bris d’égalité avant que l’arbitre signale que le match était suspendu en raison du couvre-feu.

Oui, on se souviendra longtemps de ce vendredi 13 à Wimbledon...

«JOHN EST UN BON GARS ET JE ME SENS VRAIMENT MAL POUR LUI.» – Kevin Anderson

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