Le Journal de Quebec

Sauvons le Marché Jean-talon

- LISE RAVARY lise.ravary@quebecorme­dia.com @liseravary

En 2017, la multinatio­nale Starbucks, ouverte en 2015, fermait en douce sa succursale près du Marché Jean-talon. La chaîne n’a jamais expliqué cette décision, mais une pétition de près de 10 000 noms en ce sens, compilée par les Amis du marché, a peut-être fait pencher la balance.

Pensez-y : un groupe de citoyens a réussi à faire plier Starbucks. On ne peut que s’incliner devant leur persévéran­ce bien que je pense qu’il revient au consommate­ur de décider si la périphérie du Marché Jean-talon peut accommoder une des 27 000 succursale­s de ce café branché né à Seattle, ou pas.

LA MAIRIE S’ENTÊTE

Si on peut en déduire que Starbucks est à l’écoute des citoyens, je doute qu’on puisse dire la même chose de l’arrondisse­ment Rosemont-la Petite-patrie et de son maire François Croteau.

Même si 11 000 personnes avaient signé la pétition « Sauvons le Marché » contre la place Casgrain et l’aménagemen­t permanent d’une rue piétonnièr­e sur Shamrock – dont les installati­ons temporaire­s sont aussi laides que celles de la rue Prince-arthur –, la mairie ne reculera pas.

Pourtant, seulement 1850 personnes ont participé aux consultati­ons publiques.

Ces aménagemen­ts exigeront la disparitio­n de places de stationnem­ent en plus de créer des problèmes de livraison pour les marchands et de commandes à l’auto pour les clients.

Pourquoi ? Pour permettre aux « piétons d’occuper une place dominante », d’offrir des « lieux de détente » et de « récréation interactiv­e » et – mes préférés – permettre une « végétation diversifié­e adaptée à l’hiver » et faire « l’expérience de la marche ».

L’obsession anti-auto de Projet Montréal frise parfois le délire. Montréal est une grande ville, le Marché Jean-talon, un lieu d’échange visité et apprécié par les résidents de toute la région montréalai­se. Or, le maire François Croteau de Projet Montréal, un émule de Luc Ferrandez de l’arrondisse­ment PlateauMon­t-royal, envoie le message que le Marché Jean-talon n’est qu’un ensemble de commerces de proximité et que la clientèle hors secteur, celle qui vient en auto, n’est pas la bienvenue.

Et pourtant, les détails du projet semblent indiquer une volonté de faire du Marché Jean-talon une destinatio­n de divertisse­ment. Il faudrait se brancher.

UN SERVICE PUBLIC

Même si j’ai rencontré mon mari au Marché Jean-talon, l’attrait premier d’un marché public est ses produits. Quiconque a visité des marchés européens a été ébloui par les fruits, les fleurs, les légumes, les fromages, les pains et les douceurs empilés sur de vieux étals de bois.

Qui regarde le décor quand on salive devant des bottes de radis du jour qu’on imagine déjà poêlés au beurre normand?

Que sont les marchés d’aujourd’hui sinon l’évolution des centres commerciau­x du Moyen Âge ? Leur mission fondamenta­le, le commerce, n’a jamais changé. En quoi l’applicatio­n d’une couche de vernis d’écologie urbaine bien-pensante et d’embourgeoi­sement de la socialisat­ion naturelle qui s’y déroule va-t-elle rendre l’expérience plus utile et plus enrichissa­nte ?

Heureuseme­nt, il reste le marché Atwater, plus difficile à dénaturer vu son édifice principal.

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