Première rencontre sans frénésie
Le Dave Matthews Band a doucement conclu la 51e édition du FEQ
Le Dave Matthews Band ne fait peut-être pas l’unanimité auprès des amateurs de musique. Mais hier soir, lors de la dernière soirée du Festival d’été, les plaines d’abraham étaient de tout coeur derrière la tête d’affiche du jour, quoique plus sagement qu’à l’habitude.
On a clairement senti que l’énergie commençait à faire défaut en ce jour 11 lorsque le DMB a fait son apparition sur scène. La frénésie observée à maintes reprises durant ce FEQ a été troquée pour une ambiance décontractée, imposée par des enchaînements mollassons qui plongeaient les Plaines dans le silence pendant plusieurs secondes entre chaque titre.
Le septuor de la Virginie était armé de bonnes intentions en vue de ce premier face à face avec Québec. Le DMB a même imité les Foo Fighters et obtenu l’autorisation de défoncer le couvre-feu jusqu’à minuit.
Côté musique, on a vite constaté que le DMB, qui compte étrangement son lot de détracteurs, sait faire. L’ouverture au son de Don’t Drink the Water, pimentée par une basse particulièrement lourde, avait du mordant et mettait bien la table pour ce qui s’en venait.
« On est venus avec la famille et on a pu marcher dans votre belle ville. Quel joli coin du monde », a partagé Matthews après avoir remercié la foule en français.
TRUDEAU ET LE CORNICHON
Durant ce généreux concert, Dave Matthews et sa bande ont circulé dans tout leur répertoire sans trop ambitionner sur le matériel du dernier-né, Come Tomorrow. Les premières réactions senties du public sont d’ailleurs survenues durant les premiers accords de Warehouse, tirée d’under the Table and Dreaming, l’album qui les a mis au monde durant les années 1990.
Incisif sur You Might Die Trying, un des beaux moments de la soirée, Dave Matthews a ensuite fait un peu de politique en confessant qu’il était jaloux de Justin Trudeau.
« Il paraît bien, semble relax. Nous, au sud, on a une espèce de cornichon. Ça me donne le goût de déménager ici avec mes enfants, ma femme et ma famille », a dit Matthews.
Remise au goût du jour par le film Lady Bird, Crash Into Me a ensuite été bien reçue. Idem pour leur relecture de Sledgehammer, de Peter Gabriel, bien qu’encore là, on se serait attendu à plus de ferveur.
Musicalement, c’est demeuré impeccable d’un bout à l’autre. Grey Street et Ants Marching ont notamment permis d’apprécier la cohésion, le talent indéniable et les racines jazz des sept musiciens qui se sont lancés dans quelques envolées improvisées de haut niveau.
N’empêche qu’entre le Dave Matthews Band et Québec, il y a encore du travail à faire pour établir des liens durables. Voyons voir si le concert d’hier aura une suite.
SIMPSON LAISSE PARLER SA GUITARE
Vous saurez nous dire si l’appellation virtuose peut lui être attribuée, mais dans le volet country rock de la soirée, plus rock que country pour être exact, on a fait connaissance avec Sturgill Simpson, nouvelle star de l’americana au timbre de voix qui nous transporte illico dans les paysages poussiéreux du sud des États-unis.
Le gars n’est pas jasant. Il n’a guère dit que quelques mots à la foule. Mais quel guitariste ! Chez Simpson, ce qu’il a à dire passe par la musique, balancée avec une énergie très virile.
Oubliez la finesse, bienvenue dans le rock tout ce qu’il y a de plus brutal et maîtrisé à la fois.
Auréolé par les Grammy Awards l’an dernier, les bruits favorables qui ont précédé sa venue n’étaient vraiment pas de la frime. Assez pour lui pardonner de ne pas nous avoir salués convenablement en quittant.