Grossophobie ?
On apprenait récemment dans les pages du Journal que la comédienne Debbie Lynch-white, dont personne ne contestera l’incroyable talent, avait partagé sur sa page Facebook une pétition en appelant à la censure d’une série, Insatiable, qui sera prochainemen
Cette série met en scène une jeune femme autrefois grosse, devenue mince après un accident, qui devient alors très populaire et tire avantage de sa nouvelle situation pour se venger.
CENSURE
La grossophie n’existe pas.
Debbie Lynch-white accuse cette série de grossophobie.
Encore une histoire de censure, dira-t-on. Effectivement. Dès qu’une oeuvre écorche notre sensibilité, le premier réflexe pousse aujourd’hui à vouloir l’interdire. Il y a une forme d’ivresse de l’indignation. Elle nous monte tellement à la tête qu’elle embrouille l’esprit.
Dans une société libérale, on devrait accepter que des discours et des oeuvres qui nous déplaisent circulent librement. La vraie diversité, celle qu’il faut défendre, est là.
Par ailleurs, certains sursauteront peut-être en rencontrant le terme « grossophobie ». Encore une phobie, se diront-ils. Elle s’ajoute à la xénophobie, l’homophobie, la transphobie, l’islamophobie, l’europhobie, la russophobie. Il en manquait une : la grossophobie, que le discours officiel présente comme une disposition culturelle désavantageant les gros et les obèses à partir d’un modèle faisant de la minceur une norme de santé, et plus largement, de beauté.
D’ailleurs, depuis un temps, la mairie de Paris fait de la lutte contre la grossophobie une priorité.
Ces mots en phobie deviennent étouffants. Ils visent à faire taire en faisant passer pour des fous ou des gens mauvais ceux à qui on les accole.
On peut s’opposer à l’immigration massive ou au multiculturalisme sans être xénophobe, être critique de l’islam sans être islamophobe ou à la construction européenne sans être europhobe.
Et on peut très bien penser que mieux vaut être mince et musclé que gros et souvent essoufflé sans être accusé de grossophobie. Il y a des limites à tout justifier au nom du combat contre les préjugés et les discriminations.
La grossophobie n’existe pas. C’est une lubie. Au nom de la culture de l’estime de soi, on en vient à nier certaines évidences qui relèvent même de la santé.
DIVERSITÉ
Naturellement, il faut critiquer le culte du mannequin filiforme qui assimile la beauté féminine à un corps décharné. La beauté humaine ne s’incarne pas dans un seul modèle et le désir ne se canalise pas sur un type exclusif de silhouette. Heureusement ! Certains aiment les femmes en sablier, d’autres les grandes minces, les uns les petites, les autres les rondes, et ainsi de suite. Mais ne confondons pas l’éloge de la diversité des corps avec une lutte absurde contre la grossophobie.
Revenons enfin à la fonction de l’art : une oeuvre n’est pas un support pédagogique non plus qu’un instrument de propagande. Du moins, telle ne devrait pas être sa mission. Elle doit représenter une vision du monde à partir de l’univers de son créateur.
On peut certainement la critiquer, et faire le procès des valeurs qu’elle avance consciemment ou non. Mais la censurer parce qu’elle nous déplaît ? C’est grotesque.