Des firmes d’architectes craignent pour leur survie
Le ministre Poëti estime plutôt qu’elles vont bénéficier des modifications à la loi
Des firmes d’architectes ont bien peur de devoir fermer leurs portes si la règle du plus bas soumissionnaire de la Loi sur les contrats des organismes publics est adoptée comme prévu à l’automne.
« On craint pour la survie des firmes, mais aussi bien sûr pour la qualité de nos bâtiments publics parce que lorsqu’on donne au plus bas soumissionnaire, on donne à la firme qui va passer le moins d’heures possible sur notre projet », s’inquiète la directrice générale de l’association des architectes en pratique privée du Québec (AAPPQ), Lyne Parent.
En gros, le gouvernement Couillard mène jusqu’au 11 août des consultations pour modifier les règlements découlant de la Loi sur les contrats des organismes publics, mais l’association de 380 firmes d’architectes a peur que la règle du plus bas soumissionnaire proposée fasse une « pression malsaine » sur les PME du secteur.
« EFFETS PERVERS »
Dans un mémoire qu’elle s’apprête à déposer, dont Le Journal a obtenu copie, L’AAPPQ dit craindre « les effets pervers » de cette règle sur l’ensemble des acteurs d’un projet : des clients aux professionnels... en passant par les entrepreneurs généraux.
Au Québec, plus de 80 % des firmes d’architecture ont 10 employés et moins, rappelle le regroupement. Pour plusieurs d’entre elles, près de la moitié de leur chiffre d’affaires vient de contrats obtenus de donneurs d’ouvrage publics.
En devant vivre avec la règle du plus bas soumissionnaire, ces firmes ont peur de devoir se lancer dans des guerres de prix avec des joueurs bien plus gros qu’elles.
« C’est nouveau. On ne sait pas quels impacts ça aura sur les PME », ajoute Lyne Parent, qui voit d’un mauvais oeil que les marchés publics soient ouverts aux firmes du reste du Canada et de l’europe.
Joint par Le Journal, le ministre délégué à l’intégrité des marchés publics et aux Ressources informationnelles, Robert Poëti, a assuré que l’objectif était exactement l’inverse.
« C’est tout à fait le contraire. Non seulement ça ne va pas faire perdre des emplois, loin de là, mais ça va permettre à des plus petites entreprises de soumissionner, dans certains cas, en fonction du prix », nuance M. Poëti.
En plus, le ministre ajoute que cette règle du plus bas soumissionnaire sera seulement utilisée en cas d’exception. « On va l’appliquer seulement avec le ministère des Transports et la Société québécoise des infrastructures au début », précise-t-il.
Québec n’a aucunement l’intention que le critère du prix le plus bas soit la nouvelle façon de faire. « “Le prix seulement”, il est là dans les cas où on en aurait besoin, ce n’est pas pour nous la norme, ce n’est pas l’intention, ce n’est pas l’application qu’on va en faire », conclut-il.
« C’EST COMME SI UN BUREAU SE DISAIT : “JE VAIS EMBAUCHER CELUI QUI ME DEMANDE LE MOINS BON SALAIRE”… ALORS QU’ON VEUT DES PROFESSIONNELS » – Lyne Parent, DG de L’AAPPQ