Éduquer les conducteurs plus tôt
Les jeunes pourraient devenir aussi conscientisés à la sécurité routière qu’à l’environnement
Le Québec doit éduquer les conducteurs plus jeunes à respecter les lois sur la route si on veut améliorer le bilan routier de manière significative, croient des experts.
« L’éducation est à la base de tout. C’est un travail de longue haleine », avance André Durocher, expert en sécurité routière à la police de Montréal.
« Il y a une époque où les gens buvaient au volant. Ç’a pris du temps avant de les faire réaliser qu’il ne faut pas conduire et boire. Il faut agir tôt. Sinon, on développe des mauvaises habitudes. Plus tu développes des mauvaises habitudes, plus elles vont être dures à casser. Plus on les éduque jeunes, mieux c’est », martèle aussi Philippe Létourneau, ancien pilote de course automobile et instructeur de conduite.
Hier, Le Journal rapportait avoir été témoin de plus de 700 infractions routières et de nombreux comportements dangereux d’automobilistes durant un mois d’obser- vation sur les routes de Québec et Montréal.
Le bilan routier 2017 de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) fait état d’une hausse de 63 % des décès de jeunes de 15-24 ans sur les routes du Québec, passant de 46 en 2016 à 75 l’année suivante.
OCCASION RATÉE
Or, il y a huit ans, les Nations Unies décrétaient la Décennie d’action pour la sécurité routière. Une occasion manquée pour le Québec de créer une première cohorte de jeunes mieux éduqués sur le sujet, poursuit M. Durocher.
« Je m’étais dit à l’époque : quelle bonne occasion de commencer en 1re ou 2e année à les éduquer, et quand ils vont arriver en secondaire 5 au bal des finissants, une angoisse pour les parents, on aurait une culture de sécurité routière », rêve encore M. Durocher, en ajoutant qu’il ne veut toutefois pas jouer dans la cour des commissions scolaires.
Le policier fait le parallèle entre son souhait d’une plus grande sensibilisation à la sécurité routière et le nouvel engouement des jeunes face à l’environnement et l’écologie qui est transmis dans les écoles.
« Je me suis fait rappeler à l’ordre par mon neveu parce que j’avais laissé le robinet ouvert. Il y a 20 ans, on n’aurait jamais pensé à ça ! On le fait pour l’environnement, alors pourquoi pas pour la sécurité routière ? » demande-t-il.
Le directeur général de l’association des écoles de conduite du Québec, Marc Thompson, abonde dans ce sens.
« Les enfants pourraient avoir une influence auprès de leurs parents, comme lorsqu’il y a plusieurs années, des notions sur le recyclage et le compostage ont été transmises. J’aimerais bien voir un jeune reprendre son père qui a son cellulaire dans la main au volant », s’imagine-t-il, sans pouvoir préciser de quelle façon il voit l’intégration de ces notions au cursus scolaire.
Au ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur, on explique que des écoles organisent déjà des activités de sensibilisation à la sécurité routière avec la participation de corps policiers.
TECHNOLOGIE
L’inspecteur Durocher aimerait aussi sensibiliser les gens, particulièrement les jeunes, sur l’utilisation des réseaux sociaux ou des applications numériques, comme Waze, sur lesquels les gens envoient des avertissements d’opération policière.
« On ne peut pas empêcher les technologies, mais celui ou celle qui avertit qu’il y a une opération alcool à telle place, et que son ami, qui a bu, prend un autre chemin [à cause de l’avertissement] et qu’il tue quelqu’un que tu connais, va-t-il s’en vanter ? »