Le Journal de Quebec

Épaulards 1, humains 0

- LISE RAVARY lise.ravary@quebecorme­dia.com

J’allais vous parler de cette maman épaulard éplorée qui a porté son bébé mort-né de 150 kilos sur son dos pendant plus de deux semaines, sur une distance de plus de 1000 kilomètres, incapable de l’abandonner aux fonds marins de la côte Ouest du Canada.

Et puis, cette semaine, elle l’a laissé glisser vers son dernier repos, son deuil terminé.

Ne m’accusez pas d’anthropomo­rphisme, les biologiste­s marins n’ont jamais vu une telle chose se prolonger si longtemps. Ils parlent d’une vraie période de deuil chez les mammifères marins. Peut-être aggravée par le fait que cette famille d’orques peine à se reproduire en raison d’une pénurie de saumons, leur seule nourriture, attribuabl­e à la surpêche commercial­e dans son secteur.

Quand la nature veut notre attention, elle met le paquet.

Même le ministre de l’éducation ne croit pas aux vertus d’un contrôle officiel du cellulaire à l’école.

INTERDIT À L’ÉCOLE

Mais je ne vous parlerai pas de cela. Je vous parlerai plutôt de nature humaine déficiente.

Qu’est-ce qu’on a mis dans la moulée de dirigeants scolaires pour que leur colonne vertébrale s’atrophie comme on peut l’observer dans ces deux cas précis ?

Le 30 juillet, la France a interdit le cellulaire à l’école. Difficile d’applicatio­n ? Certes. Impossible ? Non. Surtout que la présence de cellulaire­s facilite le cyberharcè­lement des enseignant­s et entre élèves.

Les élèves ne devraient pas pouvoir consulter leur téléphone en classe, à moins que l’enseignant ne leur demande de faire une recherche. Le gros bon sens le dicte. Malgré des exceptions, notre machine scolaire semble peu intéressée à faire l’effort pour y arriver. « Ils vont regarder leur téléphone même si c’est interdit », entend-on. Même le ministre de l’éducation ne croit pas aux vertus d’un contrôle officiel du cellulaire à l’école. Trop difficile… En janvier dernier, un élève de 15 ans de Chicoutimi-nord a envoyé une mise en demeure à son école pour que cesse la confiscati­on des appareils utilisés en classe sans permission. Le jeune a été encensé ! « Une formidable expérience pour le jeune homme, qui rêve de faire des études de droit », écrivait La Presse.

AGRESSIONS ET EXPULSIONS

Mais la palme de la mollesse va au Séminaire des Pères Maristes à Québec qui refuse d’expulser six étudiants de 12 et 13 ans arrêtés le printemps dernier pour avoir pris et partagé des photos pornograph­iques de trois consoeurs de classe. Soit dit en passant, une autre affaire impliquant le cellulaire, partiellem­ent interdit à cette école.

La direction veut rencontrer individuel­lement les « neuf personnes impliquées » avant la rentrée, plaçant les trois victimes et les six agresseurs allégués sur un pied d’égalité. Que les jeunes filles aient à croiser leurs agresseurs dans les corridors ne semble pas ébranler la direction qui plaide la présomptio­n d’innocence des garçons pour ne pas bouger. On ne semble pas croire qu’ils méritent une méga punition, pardon, conséquenc­e, non plus. Comme si forcer quelqu’un à changer d’école était contraire à la Charte.

Seule bonne nouvelle, ce week-end, Philippe Couillard a dit « non » aux jeunes libéraux qui voulaient lier les subvention­s culturelle­s à la présence de minorités.

Ils vont survivre.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada