Des éditeurs sceptiques
Des éditeurs d’hebdos s’interrogent sur la décision des gouvernements de subventionner un projet numérique qui doit être réalisé par l’entreprise Omerlo, détenue par le Groupe Capitales Médias de Martin Cauchon et la firme Mirego.
« On s’oppose à ce que l’état subventionne une plateforme en particulier. Il y a de la place pour subventionner les journaux, mais les éditeurs doivent rester libres de leurs choix. Je ne pense pas que ce soit le rôle des gouvernements de choisir quelle technologie ils subventionnent », affirme Renel Bouchard, président d’icimédias, qui publie 21 hebdos, dont le Canada Français de Saint-jean-sur-richelieu.
Il faut dire qu’une entreprise associée à Icimédias a développé un logiciel de mise en ligne utilisé par les 21 journaux du groupe ainsi que par 23 autres hebdos québécois.
Éric Maltais, directeur général du journal coopératif L’oie Blanche de Montmagny, demande à être convaincu des vertus réelles du projet piloté par Hebdos Québec et Omerlo.
« Chacun des hebdos du Québec a déjà un site web, note-t-il. Le besoin des hebdos [...], c’est plus un crédit d’impôt sur la masse salariale pour pouvoir embaucher des journalistes et informer les gens des régions. »
POTENTIEL LIMITÉ
Comme la densité de population est moins élevée dans les régions, le potentiel du numérique pour générer de nouveaux revenus est limité, souligne M. Maltais, en précisant que les éditions papier demeurent fort populaires.
« Est-ce qu’une application super technologique va avoir beaucoup d’abonnés dans une région comme la Côte-nord, Montmagny ou l’abitibi-témiscamingue? Poser la question, c’est y répondre. C’est plus les grands centres qui vont en bénéficier. Internet, c’est une question de volume », dit-il.
Ceci dit, des éditeurs comme Hugo Levasseur de l’info Dimanche de Rivière-du-loup trouvent intéressante la plateforme d’omerlo et songent à y adhérer. Simon Brisson, président des Éditions Nordiques, propriétaire de quatre hebdos sur la Côte-nord et dans Charlevoix, est encore en réflexion.
Au cabinet de la ministre de la Culture, Marie Montpetit, on précise que le versement de la subvention à Hebdos Québec est conditionnel à l’appui de la majorité des membres de l’association et que celle-ci est libre de choisir un autre fournisseur qu’omerlo.