Le Journal de Quebec

La parité en humour est-elle possible ?

Le Journal pose la question à quatre humoristes féminines en marge du Comediha ! Fest-québec

- SANDRA GODIN

La parité dans les festivals musicaux est un sujet qui aura fait jaser cet été. Mais qu’en est-il des festivals d’humour ? La parité homme-femme estelle possible ? Le Comediha ! Fest-québec, qui bat son plein jusqu’à dimanche prochain, accueille plusieurs humoristes féminines qui ont répondu à la question.

Le président fondateur du festival d’humour, Sylvain Parent-bédard, avait ce souci en tête au moment de bâtir sa programmat­ion. Il y a des femmes sur chaque gala, par exemple. Elles sont bien présentes dans la grille horaire, mais peu nombreuses, peut-on observer.

« Quand tu fais le tour du milieu, dans les différents endroits où on peut créer et produire de l’humour, force est de constater qu’il y a une majorité d’hommes sur scène. On doit planifier notre programmat­ion avec ce qui nous est offert. On cherche, on cherche, mais on a plus de difficulté à trouver », concède-t-il.

On retrouve cette année dans la programmat­ion du Comediha ! Fest des femmes aussi bien établies que Cathy Gauthier, qui était cette semaine à la barre d’un Comediha ! Club Best Of, ainsi que des artistes comme Gabrielle Caron, Coco Béliveau, Mélanie Ghanimé et Rosalie Vaillancou­rt, qui présentero­nt une heure de matériel le 16 août.

OPINIONS MITIGÉES

Pour certaines, la parité est effectivem­ent impossible en ce moment parce que les hommes sont plus nombreux que les femmes dans l’industrie.

« Mais je sais qu’il y a un souci de plus en plus présent, surtout après l’année qui vient de passer, on le sent. Aujourd’hui, quand il y a un gala où il n’y a pas de filles sur le line-up, c’est la première chose qu’on remarque, alors qu’il y a quelques années, on n’en parlait même pas », explique Christine Morency, nouvelle coqueluche de l’humour qui a fait pratiqueme­nt tous les festivals cet été, alors qu’elle est dans le milieu depuis à peine un an et demi.

Ève Côté, la moitié des Grandes Crues avec Marie-lyne Joncas, faisait partie du gala d’ouverture du festival avec sa complice. Elles étaient les seules filles du gala de Patrick Huard. « Quand j’ai fait l’école de l’humour, il y avait quatre filles pour huit gars dans ma cohorte. Celle de cette année, je pense que c’est égal. Plus ça va aller, plus la parité va se faire naturellem­ent », espère-t-elle.

DE PLUS EN PLUS DE FILLES

Pour Cathleen Rouleau, la parité est déjà possible. « Il faut juste considérer toutes les filles en humour en ce moment », estime celle qui anime les soirées Comédie dans le noir, en plus d’enregistre­r l’émission Trait d’humour tout au long du festival.

L’humoriste Maude Landry, programmée plusieurs fois dans le festival, qui livre un 60 minutes de stand-up le 17 août et un numéro sur le gala de Fabien Cloutier, a remarqué récemment une vague de nouvelles filles prenant le chemin de l’humour. Mais elles doivent prendre de l’expérience avant qu’on les voie dans des festivals.

« On ne peut pas garrocher une fille sur un gala qui a donné trois shows dans sa vie juste parce que c’est une fille, elle va se planter et ça va contribuer à la stigmatisa­tion des filles en humour. » « C’est une fille, je vais aller fumer. »

Maude Landry et Christine Morency estiment qu’il y a une belle solidarité dans le milieu depuis le mouvement #metoo, mais que c’est auprès du public qu’il reste une petite partie de travail à faire.

« Je joue parfois au Bordel (à Montréal), et c’est très petit, on est juste à côté du public avant de se faire présenter, raconte Maude Landry. J’entends autant des hommes que des femmes dire “C’est une fille, je vais aller fumer une cigarette”. Mais il n’en reste pas beaucoup, de gens comme ça. Dans quelques années, je pense qu’on n’entendra plus ça. »

« Je sens encore un peu de réticence en embarquant sur scène, affirme Christine Morency. Je me fais souvent dire que je suis drôle pour une fille. Non, je suis drôle point. Ça, j’ai hâte qu’on n’ait plus ce réflexe de dire ça. »

Le Comediha ! Fest-québec se poursuit jusqu’à dimanche.

« ON SENT VRAIMENT UN DÉSIR DE FAIRE DE LA PLACE AUX FEMMES APRÈS TOUT CE QUI S’EST PASSÉ CETTE ANNÉE. » – Christine Morency

« JE PENSE QUE LA PARITÉ EST POSSIBLE, PARCE QUE MAINTENANT, PLUS QUE JAMAIS, ON A BEAUCOUP DE FILLES EN HUMOUR. » – Cathleen Rouleau

« IL Y A BEAUCOUP PLUS DE GARS QUI FONT DE L’HUMOUR QUE DES FILLES. JE NE PENSE PAS QU’ON

PEUT AVOIR LA PARITÉ EN CE MOMENT. » – Ève Côté, Les Grandes Crues

« SI ON MET PLUS DE FILLES, ON VA ENFIN POUVOIR PROUVER QU’ON EST DRÔLES. » – Maude Landry

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada