Le Journal de Quebec

Le neurochiru­rgien concentré

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Dans mes quatre prochaines chroniques, je vous donnerai ma vision des chefs de partis. Ce sont des gens que j’ai croisés à plusieurs reprises et analysés de long en large. Je vous livre mes réflexions personnell­es sur leurs personnali­tés, leurs forces et leurs faiblesses.

Philippe Couillard est un surdoué. Il a étudié et « gradué » dans l’une des branches les plus ardues de la médecine. Il a passé sa vie à continuer à élargir son érudition et à lire de grands auteurs. Ceux qui l’ont côtoyé témoignent de sa capacité à jongler avec plusieurs balles dans son cerveau sans rien échapper.

Rassurant, intelligen­t, parfois distant, Philippe Couillard est un cas unique de neurochiru­rgien devenu politicien.

SANG FROID

Notre premier ministre est aussi un cérébral. Vous lui reprochere­z rarement des décisions prises sur le coup de l’émotion. Remarquez qu’une fois le crâne du patient ouvert, on imagine mal un neurochiru­rgien qui perd son sang froid, panique, crie ou quitte le bloc opératoire en pleurant.

Quel genre de chef est-il ? Son bilan comme premier ministre démontre sa capacité à amener une équipe à livrer des résultats. Sa principale qualité consiste à rester concentré. Monsieur Couillard se laisse très peu distraire par les aléas du quotidien politique. Il garde l’oeil sur les objectifs de fond. En langage de sport, on dirait qu’il garde l’oeil sur la balle.

Par contre, sa performanc­e à titre de chef de parti laisse perplexe. Les gens autour de lui sentent peu de loyauté venant de sa part… et lui en démontrent bien peu en retour. Le nombre de ministres et députés qui ont décidé de quitter pour cette campagne dépasse toute normalité. Il s’agit d’un désaveu implicite à l’endroit du leader : plusieurs le quittent avant l’entrée dans une bataille difficile et cruciale.

Monsieur Couillard aime vanter ces jours-ci la santé du Parti libéral. Il nous raconte des histoires, ou pire… il s’illusionne lui-même. Le PLQ est nettement moins mobilisé et organisé que ce que j’ai connu dans le dernier quart de siècle. On sent aussi des tensions internes inhabituel­les dans ce parti d’ordinaire si discipliné.

En résumé, Philippe Couillard a été un premier ministre plus efficace que Jean Charest, mais un moins bon chef de parti.

RASSURANT

L’actuel chef libéral a su élever son jeu dans les situations de crises. Sa réaction lors de la tuerie à la mosquée de Québec fut à la hauteur. Sa présence lors des inondation­s du printemps 2017 fut appréciée. L’homme présente un côté rationnel, rassurant et rassembleu­r en situation tendue.

À d’autres occasions, sa réaction demeure froide devant des événements laissant le public avec l’impression d’un homme distant ou au-dessus de ses affaires.

C’est dans son rôle de défenseur du français et de la réalité culturelle unique du Québec que monsieur Couillard est le plus faible. Il est le moins nationalis­te des premiers ministres du Québec depuis Adélard Godbout.

Il est au fond de lui un multicultu­raliste convaincu. Profondéme­nt. Les questions identitair­es ne sont pas sa tasse de thé. Il ne fera pas de compromis là-dessus, même pour des votes.

Demain : François Legault.

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