La Gertrude
Jusqu’à la semaine dernière, Mme Gertrude Bourdon n’était qu’une gestionnaire de haut niveau au sein du réseau de la santé et des services sociaux à Québec.
En décembre 2010, elle a été nommée, par le Conseil des ministres, à l’institut national d’excellence en santé et en services sociaux, présidé par le Dr Juan Roberto Iglesias, l’alter ego de M. Couillard.
Puis, en mars 2015, dans la foulée de la « réforme » bâclée de Dr Barrette, ce dernier l’avait promue PDG du CHU de Québec. Ce n’est un secret pour personne qu’elle partage sa stratégie centralisatrice du réseau.
« Elle partage la stratégie centralisatrice de Gaétan Barrette »
UNE CANDIDATE QUI VADROUILLE
Et puis soudain, le 18 août dernier, elle a fait son apparition dans le paysage politique, d’abord, comme candidate potentielle de la CAQ, avant qu’on découvre qu’elle était également en négociation avec le PLQ et qu’au fond, son vrai parti, c’était le PQ.
Puis, le 20 août, elle interrompt abruptement ses discussions avec le chef de la CAQ, François Legault. Comme par hasard, M. Couillard lui signifie publiquement que les portes du PLQ lui sont ouvertes. Le 22 août, c’est officiel. Elle sera candidate libérale dans le comté de Jean Lesage.
J’ai parlé, hier, à trois militants libéraux du comté de Jean Lesage. Sans se concerter, les deux premiers n’étaient guère enthousiastes à l’idée de voir une candidate qui mange à tous les râteliers atterrir au PLQ. « Elle est là pour elle-même, parce qu’elle veut être ministre et pour ses amis, les médecins spécialistes », me dit le premier.
« Elle n’a aucun sentiment d’appartenance ici dans notre comté. J’étais indécis, maintenant, je vais voter CAQ », me confirme le deuxième.
La troisième s’est désolée pour l’état de déconfiture de son parti. « Autrefois, c’était le parti libéral qui recrutait les candidats vedettes, en fonction de nos valeurs libérales, aujourd’hui, ce sont des opportunistes qui se magasinent notre parti, au gré de leurs fantaisies. Elles sont où les valeurs libérales de la Gertrude ? »
En effet, de mémoire, même Jean Charest n’a pas caché son étonnement, quand il a déclaré, le 21 août dernier, à une radio de Québec « Ça, je n’ai jamais vu ça. [...] Je me suis fait dire qu’elle était davantage péquiste, puis là maintenant avec la CAQ... En discussion avec les libéraux. Avouons que pour faire le tour du triangle comme ça, il faut être versatile ».
ET LA CRÉDIBILITÉ ALORS ?
En politique, plusieurs candidats et candidates arrivent porteurs d’idéal, de principes et de convictions, pour servir. D’autres s’y investissent, par opportunisme, pour se servir.
Mme Gertrude Bourdon est de cette catégorie et elle nous en a fait une démonstration pathétique cette semaine.
Viser un poste de ministre de la Santé dans un plan de carrière est une chose, dire à un chef de parti que c’est la seule raison pour laquelle je viendrais en politique est très présomptueux.
Car le 1er octobre prochain, les citoyens ne vont pas élire des ministres, mais des députés qui, une fois investis de la confiance des électeurs peuvent occuper des fonctions transitoires comme celles de ministres.
Exiger une hausse annuelle de 8 % du budget du ministère de la Santé et des Services sociaux relève de l’absence de jugement, surtout quand on connaît les arbitrages douloureux que nécessite la préparation d’un budget du gouvernement.
Plus arrogante encore est cette demande de Mme Bourdon de ne pas toucher au pactole consenti par le gouvernement Couillard aux médecins spécialistes, alors que la CAQ s’y était publiquement engagée.
On comprend qu’au CHU de Québec Mme Bourdon a un large réseau d’amis parmi les médecins spécialistes. Elle ne veut pas leur déplaire. Soit. Mais un ministre de la santé doit avoir à coeur les intérêts des patients et non les intérêts de ses petits amis.