Cap sur la capitation ?
L’ÉNONCÉ
La Coalition avenir Québec souhaite améliorer l’accès aux soins de première ligne en changeant la façon dont les médecins de famille sont payés.
Plutôt que de les rémunérer pour chaque acte médical, la CAQ propose de leur confier un nombre déterminé de patients pour lesquels ils recevraient une rémunération fixe.
Le parti de François Legault estime que ce mode de rémunération « par capitation » inciterait les médecins à déléguer des soins à d’autres professionnels de la santé, comme des infirmières.
LES FAITS
L’heure juste a demandé à un expert si ce changement améliorerait l’accès aux soins.
« Aucun système de rémunération médicale n’est parfait », dit Damien Contandriopoulos, chercheur et professeur à l’université de Victoria. Dans un système de facturation à l’acte, des soins plus chers peuvent être prodigués même s’ils ne sont pas nécessaires. Dans un système par capitation, le danger c’est qu’il y ait moins de disponibilités des soins. Enfin, dans un système de rémunération par salaire, un médecin pourrait être tenté de travailler lentement.
Le mode de rémunération à l’acte est toutefois en perte de vitesse à l’échelle mondiale, constate le chercheur. Des établissements au Royaume-uni, en France, aux États-unis et en Ontario utilisent un système de rémunération par capitation à différents degrés. En Ontario, une étude publiée en 2009 dans le journal médical
CMAJ a conclu que les patients suivis dans un modèle par capitation étaient en meilleure santé que ceux suivis par des médecins rémunérés à l’acte.
Toutefois, si la proportion d’ontariens qui a un médecin de famille a augmenté de 43 % entre 2006 et 2016, le temps d’attente pour une consultation ne s’est pas amélioré pour autant, indiquait en 2016 un rapport du Vérificateur général de l’ontario.
Pour s’assurer d’une bonne transition vers une rémunération par capitation, un gouvernement caquiste devrait donc implanter des balises claires. Au Royaume-uni, des pénalités financières sont imposées si les patients ne sont pas vus dans les 48 heures, souligne M. Contandriopoulos.
Mais avant d’arriver là, un gouvernement de la CAQ devrait négocier avec les fédérations de médecins, tenter d’implanter des projets pilotes et restructurer le réseau de la santé.
« Je ne vois pas ça arriver demain au Québec », dit M. Contandriopoulos.