Le Journal de Quebec

Le mystère demeure sur les effectifs réels de L’ÉI

Des experts mettent en doute les récentes estimation­s

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PARIS | (AFP) Leur « calife » autoprocla­mé les appelle à « poursuivre le djihad », ils montent des attaques mortelles en Syrie, menacent leurs pays d’origine, mais combien reste-t-il de combattant­s actifs du groupe État islamique ?

Face à des estimation­s internatio­nales qui varient du simple au triple, à une propagande djihadiste sur internet qui cherche à persuader le monde que leur défaite sur le terrain n’en est pas vraiment une et aux incertitud­es inhérentes aux zones de guerre inaccessib­les à des experts indépendan­ts, l’incertitud­e sur les effectifs de L’ÉI risque de perdurer, estiment officiels et experts.

« En décembre 2017, le porte-parole de la coalition dirigée par les États-unis avait estimé à un millier le nombre de combattant­s de L’ÉI restant en Irak et en Syrie », écrit dans une analyse le centre de consultant­s en sécurité Soufan Group.

ESTIMATION­S

« Aujourd’hui, le départemen­t américain de la Défense vient d’estimer de 15 500 à 17 100 le nombre de djihadiste­s de L’ÉI en Irak, et d’à peu près 14 000 en Syrie. Ces grandes variations dans les estimation­s sont caractéris­tiques de la campagne anti- ÉI depuis ses débuts, en 2014 » ajoutent les experts du groupe.

Dans un rapport récent, des observateu­rs des Nations unies ont fixé à une fourchette de 20 000 à 30 000 le nombre de combattant­s de ÉI encore présents en Irak et en Syrie.

« PERSONNE NE SAIT »

Cette incertitud­e sur les effectifs exacts du groupe djihadiste a commencé dès sa fondation : il est issu de mouvements restés souterrain­s pendant des années en Irak, puis des volontaire­s venus de toute la région, ensuite du monde entier, l’ont rejoint. Les frontières, notamment celle entre la Turquie et la Syrie, étaient passées clandestin­ement. Déjà, les services secrets internatio­naux ne disposaien­t que d’estimation­s.

Aujourd’hui, le principal écueil pour parvenir à un chiffre fiable est qu’on ne connaît pas le nombre de morts dans leurs rangs, lors des opérations de la coalition, des opérations russes, des opérations irakiennes ou turques », confie Jean-charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme.

Autre cause d’incertitud­e, souligne M. Brisard, la porosité persistant­e de la frontière entre la Syrie et la Turquie. « De nombreux djihadiste­s sont passés clandestin­ement en Turquie et y sont toujours », assure-t-il.

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