Trump prédit l’effondrement des marchés boursiers s’il est destitué
Les experts ne croient toutefois pas qu’un tel événement aurait un fort impact
WASHINGTON | (AFP) Avec une tempête judiciaire aux portes de la Maison-blanche, le président Donald Trump a lié son destin à l’économie américaine, affirmant que les marchés allaient « s’effondrer » s’il venait à être destitué.
« Si jamais j’étais destitué, je pense que les marchés s’effondreraient et que chacun deviendrait plus pauvre », a-t-il assuré dans une interview diffusée hier matin par la chaîne Fox News.
Une destitution du locataire de la Maison-blanche reste très hypothétique avec une majorité républicaine au Congrès, mais cette idée est revenue dans l’actualité depuis que son ancien avocat personnel, Michael Cohen, a affirmé mardi sous serment avoir acheté, à la demande de Trump, le silence de deux maîtresses présumées afin de ne pas compromettre sa campagne présidentielle victorieuse de 2016.
Cohen, accusé de violation des lois sur le financement électoral, a passé un accord de négociation de peine avec les autorités, qui pourrait l’amener à collaborer avec le procureur spécial Robert Mueller, chargé de l’enquête sur le dossier russe.
UNE « COÏNCIDENCE »
L’affirmation de Trump a laissé dubitatifs les observateurs du marché qui mettent en avant la bonne santé de l’économie et l’impact historiquement limité des ennuis judiciaires des présidents américains.
Les marchés pourraient-ils vraiment s’écrouler ? Le président américain s’attribue régulièrement la bonne santé de Wall Street, qui vient de battre un record de longévité sans crise majeure. Une prospérité alimentée de fait depuis son arrivée au pouvoir par les réformes sur la fiscalité et la déréglementation qu’il a engagées.
Mais ces politiques « peuvent très bien survivre sans lui [...] puisque la majorité du Congrès est d’accord avec lui », remarque Charles Geisst, professeur de finance au Manhattan College et obser- vateur de longue date des marchés financiers. « Il affirme qu’il est indispensable au marché. En réalité, cela tient plus de la coïncidence », note-t-il. De façon générale, l’effet d’un président sur les marchés est à ses yeux « plus symbolique que réel ».
PENCE, UN TRUMP SANS LES TWEETS
Même son de cloche pour Sam Stovall, à la tête de la stratégie d’investissements pour CFRA : les gros titres font bouger le marché, mais le cours des actions est sans conteste « lié aux résultats des entreprises », particulièrement étincelants en ce moment. Et même en cas de destitution, le vice-président Mike Pence qui s’installerait alors à la Maison-blanche « peut être décrit comme “Trump sans les tweets” », ajoutet-il. « Les politiques seront les mêmes, mais avec une dimension moins spectaculaire. »
Au pire, prédit le spécialiste, les indices pourraient à court terme chuter de 5 % à 10 %, voire même 20 %. Mais une destitution « ne mènera pas à la récession », affirme-t-il.