Le maire Lehouillier dans de beaux draps
Le maire de Lévis visé par au moins trois plaintes pour harcèlement psychologique
Visé par de nombreuses allégations de harcèlement psychologique, le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, a répliqué en se disant victime d’un règlement de compte.
« Cela a toutes les apparences d’un coup monté alimenté par un sentiment de vengeance », a réagi le maire Lehouillier hier matin, après la publication par Le Journal d’un reportage rapportant les témoignages de 11 sources.
Ces personnes ont confirmé avoir été victimes ou témoins de gestes violents de la part de l’élu dans le cadre professionnel. Florent Tanlet, ancien attaché de presse et candidat libéral dans Taschereau, a confirmé nos informations et affirme même que ces comportements ont été l’une des principales raisons de son départ, en 2015, après un an au cabinet.
De plus, trois plaintes de harcèlement psychologique ont été déposées à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), selon Radio-canada. La Ville de Lévis a confirmé avoir été informée de deux de ces plaintes pour le moment, datées du 18 et du 26 juillet. La troisième n’est pas encore parvenue à la Ville.
Hier, Florent Tanlet a salué le courage des plaignants, tout comme Zoé Couture, une ancienne directrice de cabinet de M. Lehouillier.
LE MAIRE RESTE EN POSTE
Contrairement à Émile Loranger, qui est aussi visé par une plainte de harcèlement psychologique à L’ancienne-lorette, le maire Lehouillier n’a pas l’intention de se retirer. Il dit avoir l’appui de tous les membres de son conseil. « Je ne vais pas me laisser distraire. J’ai la conscience très tranquille. »
Nos sources parlent d’un climat toxique en raison de crises de colère épouvantables de l’élu, à répétition et pour des raisons très futiles. Selon de nombreux témoignages, pendant ces épisodes où il se transforme subitement, M. Lehouillier crie, sacre, frappe sur les meubles, lance des objets ou des piles de feuilles qui doivent ensuite être ramassées par les employés.
Plusieurs ont aussi décrit comment les yeux du maire changent dans ces moments,
où il devient crispé et peut hurler au point de perdre la voix.
Depuis 2013, il y a un roulement énorme au sein du cabinet : 11 personnes ont quitté l’entourage du maire, la plupart en raison du climat de travail malsain. Les congés de maladie se sont multipliés, les gens souffrant de stress intense, de cauchemars et d’insomnie.
VIOLENCE PHYSIQUE
Un épisode de violence physique s’est même déroulé devant témoins, lorsque le maire a agrippé par un bras en criant une membre du cabinet, et ce, dans un lieu public qu’il fréquente régulièrement à Lévis. L’employée agressée a dû pousser le maire pour se défaire de son emprise. Des témoins sont alors intervenus pour s’assurer que la jeune femme allait bien. Nous avons pu confirmer cette altercation auprès d’un témoin.
D’autres ont raconté comment le maire obligeait des employés du cabinet à l’accompagner en soirée, en dehors du travail, dans un bar ou un restaurant, jusqu’au petit matin. Si la personne osait dire non, il piquait de terribles colères et menaçait de congédiement.
Il n’est pas rare en pleine séance à huis clos du comité exécutif que Gilles Lehouillier insulte et humilie une personne présente autour de la table où siègent des élus, du personnel de cabinet et des membres de la direction générale. Les autres personnes présentes se taisent toujours, de peur de passer aussi au tordeur, raconte une ancienne employée.
LA VILLE AU COURANT
Selon nos informations, ces comportements ne datent pas d’hier et étaient déjà monnaie courante lorsqu’il était député provincial. Une personne-cadre qui a travaillé à la Ville nous a informés hier que la direction générale et le service des ressources humaines étaient au courant des agissements du maire depuis 2015, « parce que c’était tellement fréquent qu’il pique des colères ».
« Tous ceux qui étaient au comité exécutif savent et ont été témoins de gestes. »