Le Journal de Quebec

Le maire Lehouillie­r dans de beaux draps

Le maire de Lévis visé par au moins trois plaintes pour harcèlemen­t psychologi­que

- STÉPHANIE MARTIN ET KARINE GAGNON

Visé par de nombreuses allégation­s de harcèlemen­t psychologi­que, le maire de Lévis, Gilles Lehouillie­r, a répliqué en se disant victime d’un règlement de compte.

« Cela a toutes les apparences d’un coup monté alimenté par un sentiment de vengeance », a réagi le maire Lehouillie­r hier matin, après la publicatio­n par Le Journal d’un reportage rapportant les témoignage­s de 11 sources.

Ces personnes ont confirmé avoir été victimes ou témoins de gestes violents de la part de l’élu dans le cadre profession­nel. Florent Tanlet, ancien attaché de presse et candidat libéral dans Taschereau, a confirmé nos informatio­ns et affirme même que ces comporteme­nts ont été l’une des principale­s raisons de son départ, en 2015, après un an au cabinet.

De plus, trois plaintes de harcèlemen­t psychologi­que ont été déposées à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), selon Radio-canada. La Ville de Lévis a confirmé avoir été informée de deux de ces plaintes pour le moment, datées du 18 et du 26 juillet. La troisième n’est pas encore parvenue à la Ville.

Hier, Florent Tanlet a salué le courage des plaignants, tout comme Zoé Couture, une ancienne directrice de cabinet de M. Lehouillie­r.

LE MAIRE RESTE EN POSTE

Contrairem­ent à Émile Loranger, qui est aussi visé par une plainte de harcèlemen­t psychologi­que à L’ancienne-lorette, le maire Lehouillie­r n’a pas l’intention de se retirer. Il dit avoir l’appui de tous les membres de son conseil. « Je ne vais pas me laisser distraire. J’ai la conscience très tranquille. »

Nos sources parlent d’un climat toxique en raison de crises de colère épouvantab­les de l’élu, à répétition et pour des raisons très futiles. Selon de nombreux témoignage­s, pendant ces épisodes où il se transforme subitement, M. Lehouillie­r crie, sacre, frappe sur les meubles, lance des objets ou des piles de feuilles qui doivent ensuite être ramassées par les employés.

Plusieurs ont aussi décrit comment les yeux du maire changent dans ces moments,

où il devient crispé et peut hurler au point de perdre la voix.

Depuis 2013, il y a un roulement énorme au sein du cabinet : 11 personnes ont quitté l’entourage du maire, la plupart en raison du climat de travail malsain. Les congés de maladie se sont multipliés, les gens souffrant de stress intense, de cauchemars et d’insomnie.

VIOLENCE PHYSIQUE

Un épisode de violence physique s’est même déroulé devant témoins, lorsque le maire a agrippé par un bras en criant une membre du cabinet, et ce, dans un lieu public qu’il fréquente régulièrem­ent à Lévis. L’employée agressée a dû pousser le maire pour se défaire de son emprise. Des témoins sont alors intervenus pour s’assurer que la jeune femme allait bien. Nous avons pu confirmer cette altercatio­n auprès d’un témoin.

D’autres ont raconté comment le maire obligeait des employés du cabinet à l’accompagne­r en soirée, en dehors du travail, dans un bar ou un restaurant, jusqu’au petit matin. Si la personne osait dire non, il piquait de terribles colères et menaçait de congédieme­nt.

Il n’est pas rare en pleine séance à huis clos du comité exécutif que Gilles Lehouillie­r insulte et humilie une personne présente autour de la table où siègent des élus, du personnel de cabinet et des membres de la direction générale. Les autres personnes présentes se taisent toujours, de peur de passer aussi au tordeur, raconte une ancienne employée.

LA VILLE AU COURANT

Selon nos informatio­ns, ces comporteme­nts ne datent pas d’hier et étaient déjà monnaie courante lorsqu’il était député provincial. Une personne-cadre qui a travaillé à la Ville nous a informés hier que la direction générale et le service des ressources humaines étaient au courant des agissement­s du maire depuis 2015, « parce que c’était tellement fréquent qu’il pique des colères ».

« Tous ceux qui étaient au comité exécutif savent et ont été témoins de gestes. »

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PHOTO PASCAL HUOT Le maire Gilles Lehouillie­r rencontrai­t les médias, hier matin, pour présenter sa « liste d’épicerie électorale ». Il a toutefois dû commenter les allégation­s de harcèlemen­t psychologi­que à son endroit.

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