L’ombre d’accurso plane sur SMI
Bernard Poulin a reçu un coup de pouce de l’entrepreneur déchu Tony Accurso et de son célèbre yacht pour décrocher le contrat algérien qui aura finalement fait vaciller sa firme, SMI.
Devant la Commission Charbonneau, en 2014, Accurso a révélé avoir prêté son bateau, le Touch, à Poulin, afin que celuici puisse y inviter des représentants d’air Algérie pour une sortie en mer Méditerranée. Les deux hommes tentaient alors d’obtenir le contrat de construction du siège social du transporteur à Alger.
« C’est ça qu’il m’a dit : “Il va y avoir du monde, des gars d’air Algérie qui vont venir faire un tour”. Et puis j’ai dit “c’est correct” », a déclaré Tony Accurso à la procureure Sonia Lebel.
Accurso soutenait avoir soumissionné avec Poulin pour le juteux contrat de plus de 100 M$, mais s’être retiré en cours de route pour laisser toute la place à SMI.
VÉRITABLE FIASCO
En entrevue au quotidien algérien El Watan, en 2014, Bernard Poulin a assuré qu’il n’avait « jamais invité ni entendu parler d’une invitation des responsables d’air Algérie sur le bateau de M. Accurso ». Selon lui, il y a eu « erreur de perception » de la part d’accurso sur ce qui s’est passé.
L’entreprise de Poulin a bel et bien obtenu le contrat d’air Algérie en 2011, mais celui-ci s’est révélé ruineux pour SMI. À la suite de retards, de surcoûts et d’un changement à la direction de la compagnie aérienne, cette dernière a résilié l’entente en 2013.
Le comptable Paul Lafrenière, qui agit comme chef de la restructuration de SMI, affirme que le fiasco a coûté plus de 80 M$ à l’entreprise. Celle-ci espérait pouvoir récupérer au moins 60 M$ dans le cadre d’un arbitrage international, mais elle vient d’être déboutée en Suisse.
5,7 M$ EN PRÉLÈVEMENTS
En plus de devoir 120 M$ à ses deux principaux prêteurs, SMI doit notamment 5,7 M$ en prélèvements à la source au fisc et 354000 $ à Investissement Québec.
Bernard Poulin fait face à des accusations de fraude, de complot et de corruption dans les affaires municipales pour avoir participé à un stratagème de partage de 165 M$ de contrats de la Ville de Montréal. SMI a reçu pour près de 11 M$ de ces contrats.