Le cri du coeur d’un producteur de lait qui a tout investi dans sa ferme
Il n’est pas question de céder sur la gestion de l’offre pour Frédéric Marcoux
Le producteur de lait Frédéric Marcoux, de Sainte-marguerite, lance un message clair à Justin Trudeau : « Si vous cédez sur la gestion de l’offre, aussi bien fermer l’école du village ».
Frédéric Marcoux, propriétaire de la ferme Philippe Marcoux dans la région de Chaudière-appalaches, est inquiet par ce qu’il entend, comme plusieurs autres.
« Plus rien ne me surprend. On a écopé dans les derniers traités. Cette fois-ci, le gouvernement va nous trouver sur son chemin », a-t-il réagi.
M. Marcoux possède une soixantaine de vaches, et ses quotas c’est tout ce qu’il possède pour lever du financement pour l’achat d’équipement afin de rester compétitif.
« J’ai deux millions de valeurs de quotas, mais j’ai deux millions de dettes. J’ai investi un million l’an dernier pour le bien-être ani- mal », affirme celui qui est prêt à se défendre.
« On va aller au “batte”. C’est trop important. Mes jumelles ont fait leur entrée à la maternelle ce matin (jeudi). Dans la classe, 40 % des enfants ont des parents producteurs de lait. »
OUVERTURE DU MARCHÉ
Le prix du lait au Canada est parmi les plus chers au monde, soutient Sylvanus Kwaku Afesorgbor, professeur à l’université de Guelph. Selon lui, permettre les importations de produits laitiers américains entraînerait une baisse des prix des produits laitiers.
Pour le professeur du département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation à l’université Laval Maurice Doyon, le Canada pourrait ouvrir une partie de son marché sans toucher à la gestion de l’offre.
« C’est sûr qu’il va falloir leur donner quelque chose. Trump en a fait un trop gros plat pour qu’il n’ait rien sur la gestion de l’offre », dit-il.
Lors de la signature de l’accord de Partenariat transpacifique (PTP), le Canada a permis un accès limité de 3,25 % à tous les produits laitiers. Il serait possible de céder une partie des produits laitiers frais aux Américains aux mêmes conditions, avance-t-il.
« On peut espérer que la croissance des marchés va permettre de compenser. Cela ne remet pas en cause la gestion de l’offre. C’est sûr que, pour les producteurs, ce n’est pas cool. »
Pour faire avaler la pilule, le gouvernement fédéral pourrait offrir des compensations, comme il l’a fait récemment pour les producteurs d’acier et d’aluminium.
RACHETER LES QUOTAS
La libéralisation des secteurs sous gestion de l’offre par le remboursement des quotas coûterait au bas mot pas moins de 13 G$, d’après une étude de l’institut économique de Montréal.
« SI VOUS CÉDEZ... AUSSI BIEN FERMER L’ÉCOLE DU VILLAGE » – Frédéric Marcoux