Le projet Trans Mountain de Trudeau paralysé
OTTAWA | La suspension des travaux de l’oléoduc Trans Mountain ordonnée par la Cour d’appel fédérale a été décriée de toutes parts hier comme un échec du gouvernement Trudeau, qui se retrouve maintenant propriétaire d’un projet de pipeline paralysé.
Le tribunal a statué hier matin que l’office national de l’énergie (ONÉ) et le ministère des Ressources naturelles n’avaient pas adéquatement évalué les impacts environnementaux du projet ni établi de réel dialogue avec les communautés autochtones avant de donner leur feu vert, cassant ainsi le certificat qui autorisait les travaux.
« C’est un exemple de l’échec total du gouvernement Trudeau sur le dossier de l’énergie », a dénoncé le chef conservateur Andrew Scheer, évoquant une nouvelle « dévastatrice » pour les travailleurs.
« Jamais le gouvernement n’aurait dû acheter ce pipeline. Qu’importe ce que le gouvernement dit, il est clair pour les Canadiens que ce n’est pas un bon investissement », s’est quant à lui indigné le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh.
« REVERS SIGNIFICATIF »
Le jugement constitue un « revers significatif » à plusieurs niveaux pour Ottawa, selon le professeur spécialisé en droit environnemental à l’université Mcgill Sébastien Jodoin.
Non seulement l’investissement fédéral vient de perdre de la valeur, mais la décision « met en doute le sérieux, la sincérité et la rigueur avec laquelle le gouvernement Trudeau se décharge de deux responsabilités qu’il continue toujours à promettre », soit l’environnement et la réconciliation avec les autochtones, a-t-il analysé.
Pour Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-énergie de Greenpeace, le jugement de la Cour d’appel fédérale « démontre à quel point le gouvernement a été irresponsable ».
La cause tranchée par la Cour d’appel fédérale regroupait une vingtaine de poursuites. De nombreuses communautés autochtones qui contestaient la validité du processus de consultation de L’ONÉ ont applaudi la décision du tribunal.
TRAVAUX RETARDÉS
À moins de contester le jugement en Cour suprême, le fédéral sera tenu de recommencer une partie du processus de consultation. Inévitablement, le projet racheté par le gouvernement fédéral pour la somme de 4,5 milliards $ subira des retards.
Le ministre des Finances, Bill Morneau, a dit examiner attentivement la décision de la cour, sans clarifier les intentions du gouvernement. Il assure néanmoins que le projet ira de l’avant « de la bonne façon », car il est dans « l’intérêt national ».
Le jugement survient alors que les actionnaires de Kinder Morgan Canada ont approuvé à 99 %, hier, la vente du projet Trans Mountain au gouvernement fédéral.