Les tueurs de la politique
Et si les réseaux sociaux étaient en train de creuser la tombe de la politique telle qu’on l’a connue jusqu’à maintenant.
Comment ne pas être d’accord avec Jean-françois Lisée lorsqu’il affirme, sérieusement cette fois : « Toute la jeune génération sur Facebook et Twitter aujourd’hui ne pourra pas faire de politique dans vingt ans » ?
Plongé dans une autre crise à cause des tweets « délicats » de sa candidate Michelle Blanc, le chef du PQ pose le problème du recrutement des candidats dont on devrait exiger une feuille de route exemplaire.
La Presse d’hier dans un article sur le sujet a publié des tweets de Michelle Blanc que la candidate a effacés depuis. Voici un exemple gratiné qui l’a obligée à s’excuser officiellement auprès de Xavier Camus, professeur de philosophie au cégep d’ahuntsic. Ce dernier, militant de QS, est lui-même un blogueur qui insulte ses cibles à longueur de semaine (bel exemple pour ses étudiants, n’est-ce pas ?). « Camus est un fromage qui pue de ses amalgames douteux et de sa fixation malsaine sur moi », écrit Michelle Blanc. « Et vous êtes tout aussi douteux de reprendre ces conneries. Aimez-vous vous aussi les petites filles de 15 ans ? C’est le genre de conneries qu’on raconte aussi à son propos », conclut la candidate péquiste.
INDÉCENCE
Nous ne sommes plus étonnés des sacres, et autres mots blessants et vulgaires qu’utilisent des candidats politiques qui ont l’indécence de prétendre être dignes d’être élus par le peuple.
Nous assistons actuellement à une mutation culturelle et générationnelle, car il est vrai que nombre de ceux qui se défoulent en usant d’un vocabulaire limité, truffé de sacres, d’amalgames et d’obscénités appartiennent aux nouvelles générations.
En désacralisant (si ce mot a encore un sens) l’arène politique, ils oublient que si d’aventure ils choisissent un jour de faire le saut en politique, ils auront à rendre compte de leurs outrances sur Facebook, Twitter et autres canaux de pollution technologique qui leur colleront aux fesses.
DIGNITÉ
Les citoyens ne doivent-ils pas estimer que la dignité, le respect des autres et la retenue sont des qualités indispensables aux gens qui occupent des fonctions symboliques et qui incarnent l’autorité ?
Cette campagne électorale est détestable et inquiétante quant à l’avenir politique. Déjà les débats dans nos parlements sont souvent devenus intolérables par leur absence de décorum et de retenue de la part des élus.
Dans cette perspective, les partis politiques devraient resserrer leur code d’éthique. Sommes-nous à ce point contaminés sur le sujet par la régression trumpiste ? Les partis politiques sont-ils obligés, faute de candidats sérieux aux qualités humaines, de laisser entrer dans leurs rangs des personnes sans manières, sans retenue, ignares, qui déparlent et qui n’ont que l’insulte à la bouche ? Des gens intolérants, agressifs, enragés ou qui magasinent leur candidature en fonction non pas de leurs convictions, mais de leur ambition égocentrique. Les Hells Angels, les bulldozers et autres pitbulls caractériels ne peuvent servir leurs concitoyens. Seulement eux-mêmes.
Il est temps que les partis politiques deviennent plus responsables de ceux qu’ils recrutent comme candidats. Car les réseaux sociaux sont des compétiteurs cruels.