Le féminisme de façade de M. Couillard
Politologue, consultante internationale et conférencière Il faut se réjouir quand des femmes compétentes et intègres, qui ont le goût de servir l’intérêt public, accèdent à des lieux de décision et de pouvoir.
La défense des droits des femmes a toujours été et demeure au coeur de mon engagement social et politique, au plan national et international.
À l’assemblée nationale, au plus fort des tensions qui déchiraient la classe politique autour des allégations de collusion et de corruption, j’avais réussi à créer, en 2010, le Cercle des femmes parlementaires du Québec, un espace de dialogue, non partisan, sur les enjeux qui affectent les femmes au Québec et dans le monde.
C’est avec une grande fierté que j’avais présidé, en 2010-2012, non sans difficulté, à la réalisation du monument en hommage aux femmes en politique, une oeuvre d’art public, sur le site du parlement, en reconnaissance du legs des suffragettes et de Marie-claire Kirkland, la première femme élue à l’assemblée législative du Québec.
DES LIBÉRALES INSTRUMENTALISÉES
C’est aussi avec cette même conviction que je dénonce, quand je le juge nécessaire, certaines dérives du féminisme ainsi que l’instrumentalisation des femmes à des fins idéologiques ou partisanes.
L’occasion nous a encore été donnée, le 26 août dernier, quand deux candidates libérales, Christine St-pierre et Marwah Rizqy, se sont faites la voix de leur maître pour accuser le chef de la CAQ, François Legault, de « faire du féminisme de façade » allant même jusqu’à le comparer à Donald Trump.
Pourquoi ? Pour la publication d’un échange texte que son directeur de cabinet a eu avec Mme Gertrude Bourdon, celle qui s’est magasiné trois partis avant d’atterrir au PLQ.
Mme St-pierre y voit un « un manque d’éthique ». Étrange comme son éthique est élastique. Pour une ancienne jour- naliste, on ne l’a pas entendu dénoncer son collègue, Gaétan Barrette, quand il a coulé des échanges textes avec Bernard Drainville.
Mais ce que cette mascarade démontre, c’est l’état de panique dans lequel se trouve le PLQ de M. Couillard. Allant jusqu’à instrumentaliser deux de ses candidates contre un adversaire politique et elles d’accepter de jouer à ce jeu-là, n’est-ce pas pathétique ?
DES FEMMES BOUCHE-TROUS
Cette accusation grossière m’a rappelé le moment où j’avais découvert que M. Couillard, mon chef d’alors, était un « féministe de façade ».
J’étais en réunion avec lui au siège du PLQ, à Montréal, en cet été 2013. Avec mes trois pages de texte, je lui ai présenté une proposition d’un congrès d’orientation, devant se tenir en 2014.
Une idée que je lui avais soumise, alors qu’il était candidat à la chefferie et avec laquelle il avait séduit plusieurs militants.
Cet exercice se voulait non partisan et visait à réunir les meilleures expertises nationales et internationales pour identifier les grands enjeux du Québec dans les 10 prochaines années afin de développer une vision d’avenir.
Dans la conversation, j’avais précisé que je voulais que ce congrès d’orientation soit paritaire avec autant de femmes que d’hommes parmi les conférenciers invités.
Subitement, M. Couillard m’a interrompue et s’est tourné vers Jean-pascal Bernier, son actuel directeur de cabinet. « On n’a pas de femmes au Forum des idées, n’est-ce pas ? Trouvez-moi des femmes. Mettez-les n’importe où, animatrices d’atelier s’il le faut, mais trouvez-moi des femmes. »
Le Forum des idées a eu lieu lors de la fin de semaine du 24 août 2013. M. Couillard s’y était investi personnellement. Nous étions à sept semaines de sa tenue et il n’avait même pas pensé y inviter des femmes comme conférencières.
Ayoye ! Des femmes bouche-trous pour sauver les apparences. Je n’en revenais pas. Je l’avais reçu comme un coup de poing.
Par courtoisie, je suis restée cinq minutes seule avec lui après la réunion pour lui dire ce que je pensais de « son féminisme de façade ».