Le Journal de Quebec

La campagne « low cost » de M. Lisée

- CLAUDE VILLENEUVE claude.villeneuve @quebecorme­dia.com @vclaude

Quand Jean-françois Lisée a dévoilé son autobus de campagne aux couleurs psychédéli­ques, il est parvenu à piquer la curiosité des observateu­rs. Ceux-ci ne se doutaient pas encore qu’au cours de cette promenade en tapis volant, le génie ne promettrai­t à ses passagers que de leur réaliser de petits voeux.

C’est le monde à l’envers ! Alors que, selon une compilatio­n du Journal, le social-démocrate Parti québécois en était à peine rendu jeudi à 485 millions de dollars en engagement­s, la CAQ arrivait du centre-droit avec 3,18 milliards de promesses. De son côté, le Parti libéral pointe à 5,02 milliards et Québec solidaire évolue dans un univers parallèle avec ses 11,07 milliards de politiques.

Se pourrait-il que la ligne aérienne proposée par Jean-françois Lisée en soit une « low cost », comme on dit en France ? Il semble que l’autobus magique ne se dirige pas vers les vertes contrées des nouvelles dépenses.

CONCRET

Les cyniques diront que les engagement­s du PQ sont à la hauteur des attentes que celui-ci peut avoir en vue des résultats du 1er octobre, c’est-à-dire modestes. Sauf que c’est normalemen­t lorsqu’on est désespéré que l’on fait les promesses les plus farfelues.

Il semble plutôt que Jean-françois Lisée applique ce dont il a fait un modus vivendi, dans la foulée de son accession à la direction du Parti québécois. Il cherche à surprendre.

On dit du PQ qu’il est dépensier, déconnecté des besoins des gens et que ses électeurs se meurent ? Fort bien. Il s’adressera aux jeunes familles, avec des engagement­s très concrets et à faibles coûts sur les lunchs des enfants, leurs fourniture­s scolaires, puis le navettage entre la maison et le boulot.

Et effectivem­ent, ça surprend. Pas au point d’avoir fait monter l’appui dans les sondages, jusqu’ici, mais certaineme­nt en piquant la curiosité des journalist­es qui semblent bien s’amuser dans la folle équipée de la caravane enchantée.

Il y a toutefois un souci avec cette approche, qui en dit long non seulement sur l’état de l’électorat québécois, mais également quant à la situation dans laquelle se trouve le Parti québécois.

UNE VISION

Depuis sa première élection, en 1976, les victoires majoritair­es du PQ sont survenues lors des quatre exercices où le taux de participat­ion a été le plus élevé. Sa courte victoire de 2012 lui a été procurée par la plus forte mobilisati­on électorale depuis 1998.

Bref, le PQ ne gagne que dans l’enthousias­me. Il ne peut l’emporter en jouant seulement l’alternance, à plus forte raison lorsqu’une autre option, celle de la CAQ, lui a ravi le titre de gouverneme­nt en attente.

De deux choses l’une. Soit Jean-françois Lisée sait qu’il fait campagne pour sauver les meubles et donner au Parti québécois un nouveau mandat pour tenter de se refaire. Soit il devra arriver bientôt dans cette campagne avec un projet emballant, qui surprendra encore et qui viendra procurer une cohérence aux autres engagement­s.

Jusqu’ici, c’est ce qui manque. Un message fort, qui résume en une phrase pourquoi c’est le PQ qu’il faudrait choisir. Une vision du Québec pour les prochaines années, qui s’exprime peutêtre dans son appel au rassemblem­ent réussi de tous les partis pour la défense de la gestion de l’offre.

Parce que tant qu’à partir en avion « low cost », autant que ce soit pour aller dans un endroit sympa.

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Jusqu’ici, c’est ce qui manque. Un message fort, qui résume en une phrase pourquoi c’est le PQ qu’il faudrait choisir.

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