Le Journal de Quebec

Deux policiers « frustrés » maltraiten­t un homme

Les agents ont « largement outrepassé leurs pouvoirs », dénonce un juge

- MICHAËL NGUYEN

Un juge de la cour municipale a sévèrement critiqué deux policiers « frustrés » qui ont maltraité et illégaleme­nt détenu un citoyen.

« Ces policiers n’étaient clairement pas intéressés par la voie de la patience, ils ont préféré les voies de fait », a commenté le juge Randall Richmond dans un jugement étoffé de 78 pages rendu ce mois-ci à la Cour municipale de Montréal.

Le magistrat devait trancher sur la culpabilit­é d’ashton Steve Boodoo, un Montréalai­s de 41 ans accusé de conduite avec les facultés affaiblies, d’avoir refusé de passer un alcotest, et d’entrave au travail des policiers.

Non seulement a-t-il acquitté M. Boodoo sur toute la ligne puisqu’il n’avait rien à se reprocher, mais il a dénoncé le travail des deux agents de la paix qui ont largement outrepassé leurs pouvoirs.

L’affaire s’est déroulée en mai 2015. M. Boodoo, un employé de l’hôpital Douglas, rentrait chez lui dans sa voiture Infiniti. Arrivé dans son allée de garage, il s’est fait intercepte­r par les agents Olivier Lapointe et Steve Crevier de la police de Montréal.

POLICIERS « FRUSTRÉS »

Ces derniers ont demandé à M. Boodoo de s’identifier, ce qu’il a fait en leur montrant une carte d’identité, mais sans baisser sa vitre. Ils lui ont alors demandé d’ouvrir la porte, mais il a refusé, par peur de ces agents agressifs.

« Frustrés par ce refus, ils ont tenté d’ouvrir les portes, mais elles étaient fermées », a expliqué le juge.

Les policiers ont alors brisé la vitre du côté conducteur, un geste considéré « dangereux » par le magistrat.

Ils ont ensuite aspergé de poivre de cayenne le citoyen, en plus de lui donner des coups de matraque, avant de le pla- quer au sol sur un amas de verre.

Et même si une vidéo filmée par un voisin montre clairement que M. Boodoo était poli et qu’il demandait la présence d’un policier superviseu­r, les agents ont tenté de faire croire au juge le contraire.

M. Boodoo a ensuite été détenu six heures au poste, sans être prévenu des motifs de son arrestatio­n et sans se faire donner son droit à un avocat.

« Sa détention était inutile et abusive, elle ne servait à rien. »

Rencontré à son domicile de Lasalle, M. Boodoo s’est dit satisfait du jugement, tout en insistant pour souligner que la majorité des policiers sont « de bonnes personnes, mais il y en a malheureus­ement des mauvais ».

Il a également intenté une poursuite contre la police de Montréal, en leur réclamant 15 000 $ de dédommagem­ent.

Dans le dossier de cour, il est indiqué que les avocats de la police ont refusé d’aller en médiation.

 ?? PHOTOS MICHAËL NGUYEN ET COURTOISIE ?? Ashton Steve Boodoo dit avoir dépensé plus de 25 000 $ pour se défendre contre des accusation­s non fondées portées par des policiers qui l’ont maltraité par « frustratio­n » en mai 2015. Il a été illégaleme­nt détenu au poste pendant six heures.
PHOTOS MICHAËL NGUYEN ET COURTOISIE Ashton Steve Boodoo dit avoir dépensé plus de 25 000 $ pour se défendre contre des accusation­s non fondées portées par des policiers qui l’ont maltraité par « frustratio­n » en mai 2015. Il a été illégaleme­nt détenu au poste pendant six heures.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada