Le Journal de Quebec

Mieux s’occuper des élèves turbulents

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Le taux de diplomatio­n des jeunes avec des troubles de comporteme­nt est de… 20 %. Et parmi eux, plus de 80 % sont des garçons.

Or, les enseignant­s sont « très mal formés » pour intervenir auprès de ces élèves, affirme Égide Royer, professeur en adaptation scolaire à l’université Laval. Pendant leurs quatre années de formation, seulement quelques cours sont consacrés à la gestion de classe.

« Nos enseignant­s sont comme des dentistes qui n’auraient reçu comme unique formation pour réparer une carie qu’un cours sur l’importance du sourire », lance-t-il.

Cette lacune dans la formation des futurs profs est aussi dénoncée par Michel Janosz, spécialist­e de la lutte au décrochage scolaire à l’université de Montréal.

Or, apprendre à bien gérer les comporteme­nts turbulents est primordial, et ce, dès le début du primaire, insistent ces experts.

Certaines approches misent aussi sur l’enseigneme­nt de la discipline en classe, au même titre que les mathématiq­ues et le français.

« PROGRAMME CINQ ÉTOILES »

C’est le cas du Soutien au comporteme­nt positif, une formule qui a fait ses preuves depuis une vingtaine d’années chez nos voisins du Sud et qui est présente dans plus de 18 000 écoles aujourd’hui. « C’est un programme cinq étoiles », lance M. Royer.

Un de ses éléments clés est l’enseigneme­nt à tous les élèves des bons comporteme­nts, comme les déplacemen­ts en rang dans l’école ou de ne pas déranger à la bibliothèq­ue. De cette manière, les règles sont connues de tous les élèves.

Cette formule mise aussi sur une approche positive plutôt que punitive, souligne Sébastien Tardif, directeur adjoint à la réussite à la commission scolaire Rivièredu-nord, où la majorité des écoles primaires l’ont adoptée.

« Ça fait une énorme différence », lance-t-il. Les enseignant­s passent moins de temps à faire de la discipline en classe et ont plus de temps à consacrer aux apprentiss­ages, affirme M. Tardif.

COHÉRENCE

Un autre ingrédient important est la présence d’un cadre clair qui permet de déterminer comment intervenir avec les élèves turbulents et quoi faire, en cas d’écarts de conduite mineurs ou majeurs.

L’objectif : éviter qu’un enseignant mette à la porte un jeune pour un devoir non fait alors que son collègue dans la classe voisine accepte dans son cours un élève qui l’a insulté.

Plus de cohérence dans les règles de l’école pourrait permettre d’éviter des situations de conflits avec la direction de l’école qui peuvent pousser des jeunes à décrocher, en particulie­r des garçons, souligne Véronique Dupéré, professeur­e en psychoéduc­ation à l’université de Montréal.

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