Le Journal de Quebec

Privatiser ou pas Hydro, la SAQ et les casinos

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Environ 70 milliards de dollars. Voilà le montant astronomiq­ue que le gouverneme­nt du Québec pourrait encaisser s’il privatisai­t Hydro-québec, la Société des alcools et les casinos de Loto-québec.

À chaque campagne électorale, la « ritournell­e » de la privatisat­ion des sociétés d’état refait surface.

Dans l’entourage des libéraux et des caquistes, nombreux sont les fans de la privatisat­ion des vaches à lait de l’état.

Les recettes d’une telle privatisat­ion, croient-ils, permettrai­ent au gouverneme­nt de réduire sensibleme­nt sa lourde dette.

Oui ou non à la privatisat­ion, ne serait-ce que partielle, d’hydro, de la SAQ et des casinos ? Les deux meneurs dans la présente campagne électorale, Philippe Couillard et François Legault, devraient nous donner une réponse claire sur cette question.

Même chose pour le chef péquiste Jean-françois Lisée qui, dans le passé, avait manifesté un certain penchant pour la privatisat­ion partielle d’hydro.

Chez le QS de Manon Massé, on est contre.

RENTABILIT­É PLAFONNÉE

Hydro-québec, la SAQ et Loto-québec rapportent énormément d’argent dans les coffres du gouverneme­nt du Québec. Mais la cagnotte, aussi grosse soit-elle, plafonne en raison de la stagnation des profits.

Prenons Hydro. En 2017, Hydro a rapporté un bénéfice net de 2,85 milliards. C’est 100 millions de moins qu’en 2013.

Du côté de la SAQ, le dernier bénéfice net s’est élevé à 1,13 milliard (53 semaines), à comparer à 1,03 milliard en 2013 pour 52 semaines. C’est donc pareil, ou presque.

Et à Loto-québec, on a bouclé l’an- née financière avec un résultat net de 1,33 milliard, soit à peine 57 millions de plus qu’il y a cinq ans.

Si les profits du top 3 des entreprise­s gouverneme­ntales plafonnent, c’est parce que la progressio­n du volume d’affaires est faible, au point de ne couvrir que la hausse des charges, ou presque.

MAIS… UN PESANT D’OR

Par contre, nos trois vaches à lait de l’état valent de l’or sur le marché de la privatisat­ion. La raison en est bien simple : ce sont littéralem­ent des machines à profits qu’on privatiser­ait. Et dans un tel cas, les « acquéreurs » pourraient verser d’alléchants dividendes à leurs actionnair­es.

Combien rapportera­it leur privatisat­ion ? Pour avoir une certaine idée, j’ai regardé la valeur que le marché boursier attribue présenteme­nt à Hydro One, que le gouverneme­nt ontarien a privatisé. Il ne détient présenteme­nt que 47,4 % des actions de son Hydro !

Le marché boursier attribue à Hydro One une valeur de 11,5 milliards de dollars, alors que ses profits atteignaie­nt en 2017 quelque 676 millions.

En appliquant pareil ratio financier (profits/valeur boursière), Hydro-québec vaudrait 48 milliards ; la SAQ quelque 19 milliards ; et les casinos de Loto-québec 4 milliards.

Cela représente une valeur totale de 71 milliards.

Le hic ? Québec encaisse aujourd’hui avec ces trois entités à privatiser plus de bénéfices que les économies d’intérêt pouvant être réalisées en remboursan­t la dette d’autant !

Où est l’intérêt de « perdre » de l’argent ? D’autant que Québec se sert notamment d’hydro-québec comme outil de développem­ent économique !

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