Privatiser ou pas Hydro, la SAQ et les casinos
Environ 70 milliards de dollars. Voilà le montant astronomique que le gouvernement du Québec pourrait encaisser s’il privatisait Hydro-québec, la Société des alcools et les casinos de Loto-québec.
À chaque campagne électorale, la « ritournelle » de la privatisation des sociétés d’état refait surface.
Dans l’entourage des libéraux et des caquistes, nombreux sont les fans de la privatisation des vaches à lait de l’état.
Les recettes d’une telle privatisation, croient-ils, permettraient au gouvernement de réduire sensiblement sa lourde dette.
Oui ou non à la privatisation, ne serait-ce que partielle, d’hydro, de la SAQ et des casinos ? Les deux meneurs dans la présente campagne électorale, Philippe Couillard et François Legault, devraient nous donner une réponse claire sur cette question.
Même chose pour le chef péquiste Jean-françois Lisée qui, dans le passé, avait manifesté un certain penchant pour la privatisation partielle d’hydro.
Chez le QS de Manon Massé, on est contre.
RENTABILITÉ PLAFONNÉE
Hydro-québec, la SAQ et Loto-québec rapportent énormément d’argent dans les coffres du gouvernement du Québec. Mais la cagnotte, aussi grosse soit-elle, plafonne en raison de la stagnation des profits.
Prenons Hydro. En 2017, Hydro a rapporté un bénéfice net de 2,85 milliards. C’est 100 millions de moins qu’en 2013.
Du côté de la SAQ, le dernier bénéfice net s’est élevé à 1,13 milliard (53 semaines), à comparer à 1,03 milliard en 2013 pour 52 semaines. C’est donc pareil, ou presque.
Et à Loto-québec, on a bouclé l’an- née financière avec un résultat net de 1,33 milliard, soit à peine 57 millions de plus qu’il y a cinq ans.
Si les profits du top 3 des entreprises gouvernementales plafonnent, c’est parce que la progression du volume d’affaires est faible, au point de ne couvrir que la hausse des charges, ou presque.
MAIS… UN PESANT D’OR
Par contre, nos trois vaches à lait de l’état valent de l’or sur le marché de la privatisation. La raison en est bien simple : ce sont littéralement des machines à profits qu’on privatiserait. Et dans un tel cas, les « acquéreurs » pourraient verser d’alléchants dividendes à leurs actionnaires.
Combien rapporterait leur privatisation ? Pour avoir une certaine idée, j’ai regardé la valeur que le marché boursier attribue présentement à Hydro One, que le gouvernement ontarien a privatisé. Il ne détient présentement que 47,4 % des actions de son Hydro !
Le marché boursier attribue à Hydro One une valeur de 11,5 milliards de dollars, alors que ses profits atteignaient en 2017 quelque 676 millions.
En appliquant pareil ratio financier (profits/valeur boursière), Hydro-québec vaudrait 48 milliards ; la SAQ quelque 19 milliards ; et les casinos de Loto-québec 4 milliards.
Cela représente une valeur totale de 71 milliards.
Le hic ? Québec encaisse aujourd’hui avec ces trois entités à privatiser plus de bénéfices que les économies d’intérêt pouvant être réalisées en remboursant la dette d’autant !
Où est l’intérêt de « perdre » de l’argent ? D’autant que Québec se sert notamment d’hydro-québec comme outil de développement économique !