Se battre pour des droits acquis
Plusieurs complexes de sports motorisés sont menacés de fermeture au Québec
SAINT-MARCEL-DE-RICHELIEU | Dominic Lussier mène un combat acharné pour maintenir sa programmation de courses aux deux complexes de sports motorisés dont il est copropriétaire.
Mais, plus que jamais, il se bute à la grogne d’un groupe de citoyens qui en a marre, disent-ils, du bruit et de la pollution.
L’autodrome Granby et le RPM Speedway, à Saint-marcel-de-richelieu (à l’ouest de Drummondville) sont situés en terres agricoles avec des droits acquis.
Mais il y a des parcelles de terrain, explique-t-il, où les droits ne sont justement pas acquis.
LA FAUTE À L’ÉTALEMENT URBAIN
« À Saint-marcel, de raconter Lussier, le stationnement et la piste de motocross ne peuvent pas être utilisés. C’est d’un ridicule aberrant. »
« C’est une minorité, poursuit-il, qui se plaint. Elle devrait savoir que nos pistes sont un attrait touristique pour leur municipalité.
Le problème, c’est qu’en raison de l’étalement urbain de nouvelles familles se sont installées près de nos sites de courses. Et ces résidents en ont marre d’être dérangés.
La colère des gens n’a jamais été aussi forte. À Granby, notamment, on a réussi à faire fermer le champ de tir. J’espère qu’on ne subira pas le même sort.
Nous vivons une pression continuelle. Le couvre-feu doit être respecté à la minute près, indique Lussier. Il faut cesser la compétition à 23 h, même si la course n’est pas terminée, sous peine de contraventions salées. »
L’autodrome Granby est une institution dans cette ville de l’estrie. Elle est là depuis 60 ans.
« Notre complexe porte le nom de Granby, qui bénéficie de retombées importantes, affirme Lussier. Nous faisons face à un petit groupe très structuré dans sa contestation. J’ai tenté, au fil des ans, d’être un citoyen corporatif et de trouver des solutions. Mais quand je les regarde agir, je me demande si j’ai fait le bon choix. »
Tout récemment, Lussier avait suggéré à Granby de diversifier ses activités pour organiser notamment des tournois de hockey sur son site en hiver. Le conseil municipal a récemment rejeté cette proposition.
« C’est dommage, car c’était une valeur ajoutée pour la ville », soutient Lussier.
Granby et Saint-marcel s’ajoutent à la longue liste de complexes dont l’existence est sérieusement menacée.
« La pression arrive de partout, déclare Lussier. C’est du jamais vu. Nous sommes d’abord des passionnés de la course. On a ça dans le sang. On n’a pas la prétention de faire beaucoup d’argent avec nos entreprises. »
DES SITES ENCADRÉS
« On veut offrir aux gens d’exercer leur passion dans un environnement sécuritaire. Et surtout éviter que les jeunes, sans encadrement, se défoulent sur les voies publiques et s’exposent au danger. »
Lussier compte participer à la manifestation prévue lundi, à Québec.
« On doit se faire entendre, avoue-t-il. Les gens doivent réaliser que nous sommes une industrie. Nous sommes toutefois conscients que nous ne représentons pas la majorité.
Il y a beaucoup de monde qui gravite autour de notre secteur, autant les participants que les spectateurs. C’est un bon divertissement qui mérite sa place. »
Comme si la colère des gens n’était pas suffisante, Lussier doit composer avec la météo capricieuse. « Nous avons été épargnés cet été, mais l’an dernier, 9 programmes sur 20 avaient été annulés pour cause de pluie. C’est un manque à gagner considérable. »