Le Journal de Quebec

L’homéopathi­e au coeur d’une controvers­e

Le débat en France n’inquiète pas les homéopathe­s du Québec PAUL LABRÈCHE

- SOPHIE CÔTÉ

Alors que la pratique de l’homéopathi­e est au coeur d’une vive polémique en France, les homéopathe­s du Québec ne s’inquiètent pas pour leur profession, « qui gagne du terrain d’année en année » auprès de la population.

Toute la controvers­e a éclaté en France en mars, quand un collectif de 124 médecins et profession­nels de la santé ont dénoncé dans une lettre ouverte publiée dans Le Figaro les « médecines alternativ­es », dont l’homéopathi­e.

Selon les signataire­s, ces dernières, « inefficace­s », « dangereuse­s » et « coûteuses », sont pratiquées « par des charlatans […] qui recherchen­t la caution morale du titre de médecin pour faire la promotion de fausses thérapies à l’efficacité illusoire ».

Contrairem­ent au Québec, où la profession n’est pas reconnue comme une médecine légale, de nombreux médecins en France, membres de l’ordre des médecins, pratiquent l’homéopathi­e.

UN AVIS TRÈS ATTENDU

Au fil des semaines, le débat s’est emballé. Devant les pressions et les demandes du collectif qui a grossi les rangs, le ministère français de la Santé a commandé un rapport à la Haute Autorité de santé (HAS), ont rapporté plusieurs médias du pays.

Son mandat est d’évaluer l’efficacité de l’homéopathi­e et le bien-fondé de son remboursem­ent partiel par le régime public d’assurance maladie.

Le plus récent effet collatéral de cette polémique est survenu vendredi. La Faculté de médecine de Lille a confirmé qu’elle suspendait son diplôme d’homéopathi­e pour l’année universita­ire 2018-2019, dans l’attente de la décision de la HAS.

L’avis de cette institutio­n publique et indépendan­te, à vocation scientifiq­ue, est attendu en février.

« INLASSABLE­S » DÉBATS

« Malgré toutes ces controvers­es-là, bien que l’on dise que l’homéopathi­e n’est pas prouvée, ce qui n’est pas vrai, ça reste que les gens y adhèrent de plus en plus, parce que ça fonctionne », a commenté le président du Syndicat profession­nel des homéopathe­s du Québec (SPHQ), Paul Labrèche, rappelant que l’homéopathi­e fait l’objet d’« inlassable­s » débats « depuis 200 ans ». Le président estime que la polémique qui fait rage en France est « intéressan­te, dans une certaine mesure », puisqu’elle permettra aux détracteur­s tout comme aux défenseurs de l’homéopathi­e de débattre à armes égales.

Un des grands défis de la profession au Québec est la désinforma­tion, soutient-il. « C’est faux qu’il n’y a pas d’études positives en homéopathi­e, tout comme c’est faux de dire que c’est l’effet placébo », rapporte M. Labrèche.

À son avis, les débats en France ne mèneront pas à un recul, l’homéopathi­e étant « trop forte et établie » là-bas. « La France est capable d’arriver à aller chercher tout ce qui existe comme études et comme rapports qui prouvent que l’homéopathi­e, elle est efficace », conclut-il.

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Président du SPHQ

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