L’université Laval serre la vis
Les jeux à connotation sexuelle sont en baisse, mais encore présents
En ce jour de rentrée universitaire, la direction de l’université Laval et les associations étudiantes serrent la vis alors qu’encore 10 % des étudiants ont rapporté l’an dernier que leurs activités d’initiation comportaient des gestes ou jeux à connotation sexuelle.
En 2013, cette proportion était plutôt de 22 %, selon un sondage réalisé auprès des nouveaux étudiants. La direction se réjouit de cette « baisse drastique » et assure que tout est mis en oeuvre afin que les initiations se déroulent de façon respectueuse.
Certains jeux fréquents il y a deux ans – comme déplacer une « balloune » en équipe de deux sans se servir de ses mains – ne sont plus acceptés aujourd’hui, explique-t-on.
Malgré les nombreux efforts déployés au cours des dernières années, il reste encore du travail à faire, admet la direction, puisque les jeux à connotation sexuelle ne sont pas encore complètement disparus des initiations.
Or, ce constat repose sur des perceptions qui peuvent varier d’une personne à l’autre, souligne Robert Beauregard, vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes.
« Il faut vraiment se demander si quelqu’un peut être mal à l’aise de faire ça. Si c’est malaisant pour quelqu’un, ce n’est pas une bonne idée de le faire », affirme-t-il.
Les initiations ont évolué au même rythme que la société, si bien qu’il n’est plus question aujourd’hui de « faire peur au monde » ou de placer les étudiants dans des situations embarrassantes, assure le vice-recteur.
TWISTER BANNI DES INITIATIONS
Dans les rangs des associations étudiantes, qui sont responsables des initiations, certaines ne prennent aucun risque. À l’association des étudiants en ergothérapie, on a décidé d’écarter des initiations le jeu Twister (qui peut favoriser les rapprochements physiques) « de façon préventive », explique le président du comité organisateur, Arnaud Béland.
« On a choisi toutes les activités en se demandant si ce jeu-là peut déraper. Si la réponse est oui, on ne le fait pas », explique-t-il.
Sur le campus, la planification des activités d’initiation se met en branle dès le mois d’avril. Les associations étudiantes soumettent leur plan détaillé à un comité qui doit l’approuver.
Un suivi serré est fait par la suite pour savoir si le plan présenté est suivi comme prévu lors de la rentrée. Les organisateurs des activités doivent aussi respecter un code de conduite bien défini.
FORMATION OBLIGATOIRE
Depuis l’an dernier, une formation sur les violences sexuelles et la consommation d’alcool est prévue pour les étudiants qui organisent les activités d’initiation ; elle est devenue obligatoire cette année. La grande majorité des « intégrateurs » l’ont suivie, indique la direction.
Pour prévenir les débordements lors des soirées qui se déroulent à l’extérieur du campus, les organisateurs doivent s’assurer de la présence de personnes sobres et planifier des mesures de raccompagnement pour ceux qui ne sont pas en état de conduire.
L’université Laval encourage à signaler tout comportement irrespectueux ou activité inappropriée.
« On ne peut pas garantir qu’il ne se passera rien, mais on est bien équipé pour faire face à toutes les situations », affirme M. Beauregard.