Le Journal de Quebec

Français, immigratio­n, identité

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ e Blogueur au Journal mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

En annonçant que ses petits-enfants risquaient de ne plus parler français à cause de l’immigratio­n massive, François Legault y est allé d’une formule trop forte, et ses adversaire­s en ont profité pour faire son procès en disant qu’il jouait au prophète de malheur.

RÉGRESSION

Mais Legault ne se trompait pas sur l’essentiel : nous sommes témoins d’une régression inquiétant­e du français, masquée par quelques statistiqu­es illusoires, sans cesse martelées dans les médias. On nous répète ainsi que 95 % de ceux qui habitent le Québec peuvent soutenir une conversati­on en français. Mais cela ne nous dit rien sur la langue commune, qui elle, régresse, comme on peut en faire quotidienn­ement l’expérience.

Je m’explique : ils sont nombreux, très nombreux, chez les immigrés ou descendant­s d’immigrés, à pouvoir parler français, mais à préférer parler anglais entre eux. Et plus ce phénomène s’étend, plus la langue normale de notre métropole devient l’anglais. Le jour où 100 % des Montréalai­s pourront soutenir une conversati­on en français, mais que 35 % seulement le parleront au quotidien, faudra-t-il se réjouir ?

Politiquem­ent parlant, il est bien de voir la question du français revenir au coeur de notre vie politique. Depuis un peu plus d’une dizaine d’années, parler d’identité, c’était parler de laïcité. La question n’était pas vaine, et il faudra y revenir, de préférence en l’accouplant à la question du français, car les deux vont de pair et définissen­t deux dimensions de l’identité québécoise.

INDÉPENDAN­CE

Mais cela dit, sur le plan linguistiq­ue, il y a urgence en la demeure. Et il ne suffira pas d’investir davantage en francisati­on. C’est aussi une question de rapport de force politique. Au Québec, sous la pression du régime fédéral, le français n’est qu’une langue sur deux, et la loi 101 a de moins en moins de mordant.

On y revient. La seule manière d’assurer l’avenir du peuple québécois, c’est de réaliser l’indépendan­ce.

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