Le grand procès du dieselgate vient de débuter en Allemagne
Des actionnaires réclament environ 13 milliards $ en indemnités à Volkswagen
BRUNSWICK, Allemagne | (AFP) Volkswagen a vu s’ouvrir hier son premier procès majeur en Allemagne pour avoir truqué des moteurs diesel, près de trois ans après l’éclatement de ce scandale au retentissement mondial, qui a précipité le déclin de cette technologie.
Dans une audience-fleuve prévue au moins jusqu’en 2019, le tribunal régional de Brunswick veut déterminer si le géant de l’automobile aurait dû informer plus tôt les marchés financiers de la tricherie, pour épargner de lourdes pertes à ses actionnaires, qui réclament au total environ 9 milliards d’euros d’indemnités (plus de 13 milliards de dollars canadiens).
Face à une cinquantaine d’avocats et plusieurs dizaines de requérants et de curieux, les magistrats ont commencé à trier parmi les 193 questions soumises par quelque 3600 investisseurs dont les requêtes ont été groupées.
Pour le premier constructeur mon- dial, le séisme remonte au vendredi 18 septembre 2015.
CHUTE EN BOURSE
En plein Salon de l’auto de Francfort, les autorités américaines accusent le groupe d’avoir tronqué les émissions de ses moteurs. Dès l’ouverture de la Bourse le lundi suivant, le titre Volkswagen s’enfonce jusqu’à perdre 40 % en deux jours.
Le problème central soumis au tribunal de Brunswick est de savoir si le géant allemand a manqué à son obligation de publier en temps utile « toute information interne » susceptible d’influer sur l’action.
Les requérants assurent que la direction du groupe connaissait l’existence du logiciel truqueur mis en place dès 2008 pour conquérir le marché américain du diesel dont les normes antipollution sont plus exigeantes qu’en Europe.
Volkswagen affirme à l’inverse qu’une poignée d’ingénieurs ont organisé la tricherie à l’insu de leurs supérieurs, et que les informations connues des dirigeants ne les obligeaient pas à s’adresser aux marchés.
Lors de cette première audience, le tribunal a indiqué que le début de l’enquête aux États-unis, au printemps 2014, « aurait pu » justifier une communication.
Mais les magistrats ont aussi estimé que les faits antérieurs à mi-2012 étaient a priori prescrits, un élément « positif » aux yeux de l’avocat de Volkswagen, Markus Pfüller.
Du côté des requérants, Andreas Tilp, avocat du fonds d’investissement Deka, juge que cette restriction laisse les deux tiers des demandes de ses clients recevables, soit quelque 3,5 milliards d’euros d’indemnités (5,3 G$ CA).
PLUSIEURS AUTRES À VENIR
L’audience de Brunswick est loin d’être la seule procédure en cours dans le cadre du dieselgate. Plusieurs parquets allemands ont ouvert des enquêtes contre des salariés de Volkswagen mais aussi de ses marques Audi et Porsche, ainsi que de Daimler et de l’équipementier Bosch.
Le gouvernement allemand a également ouvert en mai la voie à des procédures collectives de consommateurs.