Un Dolan en demi-teintes
Son nouveau film, tourné avec plusieurs stars, n’est pas à la hauteur des attentes
TORONTO | Depuis le temps qu’on l’attendait, The Death and Life of John F. Donovan, le premier film en anglais de Xavier Dolan, a finalement été lancé en grande pompe hier soir au Festival de Toronto. Malgré des qualités visuelles indéniables, ce drame trop sage et convenu nous a laissés sur notre faim.
Disons-le sans détour : on s’attendait à plus de ce film très ambitieux doté d’un immense budget (35 M$) et mettant en vedette une impressionnante brochette de stars internationales dont Kit Harington, Natalie Portman, Thandie Newton, Kathy Bates et Susan Sarandon.
S’appuyant sur une mise en scène sobre et ultra léchée, Death and Life of John F. Donovan n’a pas le souffle et l’audace des oeuvres précédentes de Dolan. Le film est loin d’être raté comme le laissaient entendre certaines rumeurs depuis quelques mois. Mais il n’est pas une grande réussite non plus.
En fonction des hauts standards établis par le jeune cinéaste québécois dans son oeuvre jusqu’à maintenant, The Death and Life of John F. Donovan se révèle un film un peu ordinaire qui ne sera certainement pas rangé parmi ses meilleurs.
Tourné sur une période d’un an à Montréal, Londres et Prague, The Death and Life of John F. Donovan met en scène un jeune acteur qui, une dizaine d’années après la mort d’une vedette d’une série télé américaine, se remémore la correspondance entretenue avec cet homme.
TRÈS HOLLYWOODIEN
De facture très classique et avec des accents mélodramatiques, ce drame aborde des thèmes qui fascinent Dolan depuis longtemps comme la célébrité, l’admiration pour les stars, l’influence du cinéma américain dans nos vies et l’acceptation des acteurs homosexuels à Hollywood.
Le cinéaste québécois en a profité aussi pour multiplier les clins d’oeil à des films qui ont marqué son enfance comme Titanic, Maman j’ai raté l’avion et Harry Potter. Il s’est aussi fait plaisir en confiant un petit rôle au grand acteur irlandais Michael Gambon, l’interprète de Dumbledore dans Harry Potter.
Mais on a l’impression que Xavier Dolan s’est un peu perdu dans ce projet complexe qui a nécessité deux années de montage marquées par de profondes remises en question et la suppression d’un personnage important joué par l’actrice américaine Jessica Chastain.
On aurait aimé retrouver davantage l’énergie, la poésie et l’exubérance des longs métrages précédents du réalisateur de Mommy et Laurence Anyways. Même s’il a été réduit à 1 h 54 (alors que la première version s’étirait sur 4 heures !), le film paraît un peu long et fade. Et les moments d’émotion sont rares.
Il reste à voir maintenant quel genre de carrière aura le film. The Death and Life of John F. Donovan n’a pas encore trouvé de distributeur américain et n’a pas encore de date de sortie au Québec. Tout porte à croire que le public québécois devra attendre 2019 pour enfin découvrir le film.