Le Journal de Quebec

La question de l’urne

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

Même s’il est terribleme­nt usé par quinze années presque ininterrom­pues au pouvoir, le Parti libéral demeure une incroyable machine politique.

Il ne commence jamais une élection battu d’avance et se montre capable d’une agressivit­é extrême lorsque vient le temps d’attaquer la réputation de ses adversaire­s.

PLQ

En toutes circonstan­ces, il parvient à attirer un certain nombre de candidats vedettes, qui rejoignent ainsi le parti naturel de gouverneme­nt. Ils savent qu’ils rejoignent une structure de pouvoir qui ne les laissera pas tomber, mais qui exige une loyauté absolue.

Et le PLQ sait faire campagne et imposer ses thèmes. On l’avait compris : à défaut de mener une campagne de peur anti-référendai­re, il placerait sa version de la question identitair­e au coeur de la présente campagne, en se présentant comme le gardien des droits des minorités contre la tentation de l’intoléranc­e qui hanterait la majorité historique francophon­e et les deux grands partis nationalis­tes que sont le PQ et la CAQ.

Le PLQ mobilise ainsi de manière maximale sa base anglophone et allophone en plus de tenir un discours culpabilis­ateur susceptibl­e d’intimider les électeurs timorés, toujours effrayés à l’idée de ne pas passer le test du politiquem­ent correct.

Et c’est ce qui est en train de se passer dans cette campagne autour de la question des seuils d’immigratio­n, qu’il veut augmenter, comme s’il s’agissait d’une nécessité économique, ce qui n’est pas vrai. Il accuse ensuite tous ceux qui s’y opposent de se soumettre à une logique antiéconom­ique, en plus d’être contaminés par le virus de l’intoléranc­e et de la xénophobie.

En gros, soit on se soumet à ce discours, soit on devient, selon la vision libérale, un imbécile illettré intolérant. Triomphe ainsi le fanatisme idéologiqu­e.

Le PLQ entend faire de cet enjeu la « question de l’urne » – celle que les électeurs auront en tête en allant

Quelle question habitera les électeurs dans l’isoloir ?

voter. Il appartient alors à la CAQ et au PQ de la retourner contre le PLQ, sans douceur excessive, en n’acceptant plus de se soumettre à la tyrannie du politiquem­ent correct.

Dans un monde normal, les nationalis­tes reformuler­aient ainsi la question de l’urne : est-ce que les Québécois veulent vraiment reconduire au gouverneme­nt un parti de plus en plus ouvertemen­t hostile à la majorité historique francophon­e, qui travaille à diminuer son poids démographi­que ainsi qu’à la dissoudre politiquem­ent sous la pression d’un multicultu­ralisme, en plus de consentir sans gêne à l’anglicisat­ion de Montréal ?

MÉPRIS

Est-ce que les Québécois acceptent vraiment de se laisser ainsi mépriser par leur propre gouverneme­nt qui les soupçonne de racisme ?

C’est ce qu’il faudrait demander aux Québécois. Le débat de jeudi pourrait être l’occasion de cette contre-attaque.

Évidemment, on trouvera des commentate­urs fielleux pour dire que la question identitair­e est illégitime. Au fond d’eux-mêmes, ils savent que les Québécois peuvent se mobiliser autour d’elle et souhaitent conséquemm­ent la censurer, comme si elle était salissante. Il ne faudrait jamais rappeler que la situation du peuple québécois est fragile en Amérique. Leur dicton ? Tout va bien ! C’est ce qu’on appellera l’optimisme des autruches.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada